La semaine dernière, Aya Nakamura posait en couverture du Vanity Fair pour le numéro d’avril. Or depuis le début de sa carrière, il s’agit seulement de la deuxième cover de magazine sur laquelle elle apparaît après celle de Grazia en 2019. Retour sur le traitement médiatique de la chanteuse française la plus écoutée à l’internationale.
En France, une couverture médiatique contrastée
Avant de connaître un succès à l’international, c’est d’abord avec le titre “Djadja”, porteur d’un vocabulaire décomplexé, qu’Aya Nakamura s’est hissée au sommet des charts français. S’enchaînent alors interviews et apparitions sur des plateaux télévisés, pour le meilleur comme pour le pire.
Lors de son passage très attendu aux NRJ Music Awards en novembre 2018, la chanteuse, qui était nommée dans deux catégories dont celle de la chanson francophone de l’année pour “Djadja”, était repartie bredouille mais aussi… vexée. L’animateur Nikos Aliagas avait en effet écorché son nom de scène au moment de l’introduire pour sa prestation et l’avait présenté sous le nom de “Yaka” Nakamura. Ce dernier s’était excusé à deux reprises et la chanteuse ne lui en a pas tenu rigueur. Seulement en fin de soirée, rebelote avec Lio qui cette fois-ci avait déformé le nom de la star en “Ava” Nakamura.
L’interprète de “Jolie Nana” avait alors réagi via son compte twitter avant de supprimer son message :
“On n’invite pas les gens quand on ne sait pas prononcer son nom #dernière fois”.
Après cet événement qui a buzzé sur les réseaux sociaux, certains médias ont commencé à lui coller une étiquette de “diva capricieuse”. Sur le plateau de Touche pas à mon poste, présenté par Cyril Hanouna, les réflexions allaient bon train de la part des chroniqueurs : “« Il y avait des gens qui attendaient en Afrique elle a été à l’aéroport elle a donné elle a voulu faire un selfie avec personne tellement elle a le melon ”, “Déjà elle parle pas français”. Le chroniqueur Matthieu Delormeau l’avait même désigné de “Madonna de banlieue”. En novembre dernier, l’émission Quotidien animée par Yann Barthès, a déploré l’annulation de dernière minute de la franco-malienne pour un show en direct à l’occasion de la sortie de son troisième album. Une information relayée par beaucoup de médias et qui a enfoncé le clou à sa réputation de “diva”.
Un vocabulaire qui divise
Avec sa capacité à créer des gimmicks et de nouvelles expressions, la chanteuse s’est d’un côté attirée les foudres de gardiens de la langue de Molière, mais d’un autre côté, certains défendent son initiative. Le quotidien Libération par exemple lui accorde “une nouvelle musicalité pour la langue française, hachée-menue par un parlé-chanté national” tandis que le média web Slate voit en elle « une nouvelle génération de femmes issues des minorités et qui ont envie de se faire entendre ». De l’autre côté du ring, dans un article intitulé « Ambassadrice française ou ennemie de langue : pourquoi Aya Nakamura divise tant”, le média Marianne tranche : “Elle fait régner le vide à l’intérieur même de ses textes. Et le monde entier s’extasie”.
Force est de constater qu’Aya Nakamura génère des ventes et surtout de l’audience. Grâce à la promotion hors norme de son dernier album “Aya” sorti le 13 novembre 2020, qui comportait une affiche imposante au-dessus des Galeries Lafayette, les médias ont commencé à se l’arracher . Invitée du journal télévisé de Nathalie Renoux sur M6 le même mois, la chanteuse a attiré une audience 330 000 téléspectateurs, un score proche du record de la saison. Malgré son ascension de ces trois dernières années, c’est surtout outre-atlantique que la chanteuse connaît une couverture médiatique accrue.
Une reconnaissance à l’international
Avec près de 20 millions d’auditeurs mensuels sur Spotify, Aya Nakamura est désormais l’artiste francophone la plus streamée au monde. La preuve en est que plusieurs stars internationales se sont filmées se déhanchant sur “Djadja” lors de sa sortie. La première était Rihanna, suivie du footballeur brésilien Neymar puis de Madonna. Le chanteur Colombien de reggaeton Maluma a même remixé le titre qui a cumulé près de 180 millions de vues sur youtube. Mais ce qui a le plus profité à la chanteuse est la critique de sa carrière dans la presse étrangère. L’année dernière, le média américain de critique musical Pitchfork a reconnu son impact culturel et sa manière astucieuse de jouer avec les genres musicaux que sont l’afrobeat, le zouk et le r’n’b. Le célèbre New York Times publiait en mai 2019 un article intitulé “Euro pop” qui mettait en avant quinze talents européens et c’est Aya qui représentait l’hexagone. D’autres grands médias comme Forbes ou Fader saluaient également son épopée musicale mais le fait le plus marquant reste le gigantesque panneau publicitaire de la promotion de son dernier album, affiché en plein milieu de Times Square, quartier iconique de New York. Vous n’avez pas fini d’entendre parler d’elle.