Les filles de Malcolm X ont rendu publique la lettre d’aveux de Raymond A. Wood, ancien policier impliqué dans la mort de leur père.
Réouverture de l’enquête sur le meurtre de Malcolm X
Samedi 20 février 2021, trois filles de Malcolm X ont révélé ce qui seraient de nouvelles preuves: le NYPD (police de la ville de New York) et le FBI ont conspiré pour faire assassiner l’activiste afro-américain. Pour rappel, le militant pour les droits civiques et figure de proue de la Nation of Islam a été tué au Audubon Ballroom à Manhattan le 21 février 1965.
Les membres de la famille et leur avocat Benjamin Crump, ont déclaré que ces allégations étaient couchées noir sur blanc dans une lettre (reproduite plus bas dans l’article) d’un ancien officier noir, Raymond A. Wood, rédigée sur son lit de mort.
Dans cette lettre datée du 25 janvier 2011, le policier Wood, qui était de service le jour de la mort de Malcolm X, a déclaré avoir :
« participé à des actions qui, rétrospectivement, étaient déplorables et préjudiciables à l’avancement de mon propre peuple noir ».
Il y déclarait également que :
« Sous la direction de mes supérieurs, on m’a dit d’encourager les dirigeants et les membres des groupes de défense des droits civils à commettre des actes criminels »
Raymond A. Wood a déclaré qu’il avait été contraint par ses superviseurs de la police du NYPD d’inciter les membres du détachement de sécurité de Malcolm X à commettre des crimes, ayant abouti à leur arrestation quelques jours avant la fusillade meurtrière.
Il écrit plus loin, tout en expliquant qu’il ignorait que la cible était en fait le militant politique et défenseur des droits de l’homme afro-américain :
« J’avais pour mission d’impliquer les deux hommes dans un crime fédéral grave, afin qu’ils soient arrêtés par le FBI et tenus à l’écart de la gestion de la sécurité des portes du Audubon Ballroom de Malcolm X, le 21 février 1965. »
Selon la lettre, ces arrestations faisaient partie d’une conspiration entre le NYPD et le FBI pour faire assassiner Malcolm X en lui ôtant la sécurité de ses deux gardes.
Le bureau du procureur de Manhattan, Cy Vance, a commencé à réexaminer les condamnations l’année dernière. Après la conférence de presse du 20 février 2021, le bureau de Vance a publié une déclaration affirmant que « l’examen de cette affaire est actif et en cours« . Le NYPD a également déclaré avoir « fourni au procureur tous les documents disponibles relatifs à cette affaire » et « reste engagé à aider à cette révision de quelque manière que ce soit« .
La fille de Malcolm X, Ilyasah Shabazz, a déclaré avoir toujours eu des doutes quant à la mort de son père. Lors de la conférence de presse elle affirma:
« Toute preuve permettant de mieux comprendre la vérité derrière cette terrible tragédie devrait faire l’objet d’une enquête approfondie. »
Nofi vous propose la traduction de la lettre de Raymond A. Wood :
« A QUI DE DROIT
Moi, Raymond A. Wood, sain de corps et d’esprit, je vous confesse ce qui suit :
J’étais un policier noir infiltré dans la ville de New York d’avril 1964 à mai 1971. J’ai participé à des actions qui, rétrospectivement, étaient déplorables et préjudiciables à l’avancement de mon propre peuple. Mes actions, au nom du département de police de la ville de New York (BOSSI), ont été faites sous la contrainte et je crains que si je ne suivais pas les ordres de mes supérieurs, je pourrais subir des conséquences préjudiciables. Je vieillis actuellement avec une santé défaillante ; j’ai récemment appris le décès de M. Thomas Johnson et je suis profondément inquiet qu’avec ma mort, sa famille ne pourra pas le disculper après avoir été injustement convaincue du meurtre de Malcolm X.
Les faits sont les suivants :
Le 17 avril 1964, j’ai été engagé par la police de New York. Sans formation, j’ai été immédiatement affecté à l’unité d’enquête du BOSSI. Mon travail consistait à infiltrer les organisations de défense des droits civils à travers la ville de New York pour trouver des preuves d’activités criminelles, afin que le FBI puisse discréditer et arrêter ses dirigeants.
Après avoir été témoin de brutalités répétées aux mains de mes collègues (la police), j’ai essayé de démissionner, mais on m’a menacé d’arrestation en m’accusant de possession de marijuana et d’alcool si je ne respectais pas les consignes.
Sous la direction de mes responsables, j’ai été chargé d’encourager les dirigeants et les membres des groupes de défense des droits civils à commettre des actes criminels.
L’idée du bombardement de la statue de la Liberté a été créée par mes superviseurs/manipulateurs. J’avais pour mission d’impliquer les deux hommes dans un crime fédéral grave, afin qu’ils soient arrêtés par le FBI et tenus à l’écart de la gestion de la sécurité des portes du Audubon Ballroom de Malcolm X, le 21 février 1965. Le 16 février 1965, le complot de la Statue de la Liberté a été mis à exécution et les hommes ont été arrêtés quelques jours seulement avant l’assassinat de Malcolm. À cette époque, je ne savais pas que Malcolm X était la cible.
Le 21 février 1965, on m’a ordonné de me rendre au Audubon Ballroom j’ai été identifié par des témoins en quittant les lieux. Thomas Johnson a ensuite été arrêté et condamné à tort pour protéger ma couverture et le secret du FBI et de la police de New York.
J’ai confié mes aveux complets à mon cousin Reginald Wood Jr. J’ai demandé que ces informations soient conservées jusqu’à mon décès. »
Note et référence
« Assassinat de Malcolm X : un ancien policier infiltré accuse le FBI de complicité« , leparisien.fr, publié le 22 février 2021.