Au coeur d’une vie d’entrepreneur avec Didier Mandin, dirigeant de l’agence AK-A

Nofi vous invite à (re)découvrir Didier Mandin, entrepreneur engagé, fondateur de la plateforme FOR US.

Didier Mandin, peux-tu te présenter en quelques mots?

Bonjour à tous. Je suis le dirigeant de l’agence de communication AK-A, créée en 2005 et qui a pour spécificité de s’intéresser à la population afro-descendante. Mon parcours a débuté dans la finance de marché, mais, accompagné de mon cousin, j’ai ensuite décidé de rejoindre ma sœur et son meilleur ami dans l’aventure entrepreneuriale en lançant cette agence d’un nouveau genre*.

*Voir notre article sur la plateforme FORUS: https://www.nofi.media/2021/01/forus-la-nouvelle-plateforme-dediee-a-lentrepreneuriat/72620

Quel est ton parcours ? Les études que tu as faites pour en arriver là ?

Comme évoqué précédemment, j’ai un parcours en Finance. J’ai fait tout mon cursus post bac à l’université Paris Dauphine : Maitrise MSG puis DESS 203.

J’ai fait du marketing durant mes études, mais c’est vraiment sous l’impulsion de ma sœur Gwladys et d’Olivier que ma formation en la matière a été parachevée, car c’était leur matière de spécialisation (ils sont tous les deux titulaires d’un DEA Marketing et Stratégie de l’Université Paris Dauphine). J’étais élève de banlieue, rien ne me destinait à aller à Dauphine. Paris me paraissait bien loin. Mais il aura suffi d’une prof m’expliquant que je n’avais quasi aucune chance d’intégrer ce genre d’établissement, pour titiller l’égo et l’orgueil du bonhomme. ;-)Il était hors de question qu’on décide à ma place ce que j’étais en droit de faire ou pas. Quatre ans après, j’ai incité ma sœur à suivre mes traces après son bac. Elle a été admise, mais a choisi le marketing et non la finance.

D’où te vient cet engagement pour la communauté Noire ?

Tous les travaux universitaires de ma sœur et notamment son mémoire de DEA étaient orientés sur cette question de représentation des populations noires en France dans les médias, publicités, etc. C’était extrêmement intéressant et de facto nous étions très sensibilisés sur ce sujet et les manques criants en la matière. De plus, le contexte était vraiment sulfureux en 2005. La question de la place des noirs était posée, mais personne ne semblait à même de proposer des solutions. Nous avons décidé de le faire sous le prisme des comportements de consommation. Notre objectif était de donner de la visibilité et de la représentation à cette population qui était totalement occultée. Aucune présence en TV, magazines, affichage, etc. Il fallait que ça change.

En ce qui te concerne, as-tu déjà sentie que tu pouvais prendre le mauvais chemin ?

Non. Ma maman est une Guadeloupéenne. Éducation à l’ancienne, si vous voyez ce que je veux dire 😉 Mon papa était plus cool, mais il ne valait mieux pas trop déconner non plus. J’ai grandi de façon tranquille, études, beaucoup de sport.

Penses-tu, qu’en tant que Noir c’est beaucoup plus compliqué d’entreprendre ?

C’est plus compliqué en raison des barrières et obstacles réels auxquels on ajoute nos propres barrières mentales. La principale difficulté que nous rencontrons est l’accès au capital. Souvent (pas tout le temps, ne jamais généraliser), nous sommes issus de famille n’ayant pas ou peu de patrimoines. Quand il s’agit de lancer un premier business, on ne dispose d’aucune ressource des premiers cercles. Et aller voir une banque pour un premier projet quand on est jeune c’est extrêmement compliqué. Si on ajoute à cela des biais, parfois même inconscients, dans le regard de certains interlocuteurs…ça devient en effet très délicat. Mais il ne faut pas s’abriter derrière cela, deux solutions s’offrent à nous :

  1. La persévérance, car tous les interlocuteurs ne sont pas aveuglés par leurs préjugés
  2. L’organisation par nous-même de solutions pour nous-mêmes

C’est d’ailleurs le sens de notre nouveau projet, la plateforme de réservation de services www.forus.live qui permet à chacun d’entre nous ayant une expertise de poster à des annonces, et à ceux qui souhaitent en bénéficier, de réserver très simplement en quelques clics. Une solution pour nous par nous-mêmes.

Quel est ton avis sur la représentativité des Noirs en France ?

Elle s’améliore tout doucement. Si on part de 2005 ou c’était le néant absolu, il y a du mieux. Mais on est encore en retard en France : dans les cercles de décisions, en politique, business, dans les rédactions, ou au cinéma, on est encore loin du compte.

Il y a tout de même un frémissement, car les nouvelles générations commencent tout doucement à intégrer les postes de décisions dans tous ces domaines, et ces générations plus jeunes ont été élevées dans une société multiculturelle. Souvent, dans les villes en tout cas, elles embrassent cette diversité sans souci.

Penses-tu que la communauté noire est assez solidaire ?

Je pense que notre principal problème pendant longtemps a été le manque de confiance que l’on s’accordait entre nous. Les choses commencent là aussi à changer et à se mettre en place. On le voit notamment à travers les réseaux de networking, on le voit à travers les évènements que nous organisons, la communauté apprend à se faire confiance, de plus en plus, on est ensemble.

Raconte-nous une journée type dans la peau de Didier Mandin ?

En général je consacre mes matinées à la gestion pure et dure de nos entreprises : administratif, organisation, etc… Je réponds aussi aux urgences clients s’il y en a. L’après-midi est généralement consacrée au travail pour les clients et au développement de nos projets.

Tu organises de nombreux évènements, trouves tu que promouvoir ce genre de choses soit important ?

Oui c’est primordial, car ce sont des moments de célébration de notre héritage commun. Ce sont des évènements qui apportent des ondes ultras positives qui nous permettent de nous retrouver, d’échanger et de partager en étant nous-mêmes, beaux et fiers.

Quelles sont les personnalités qui t’inspirent le plus ?

Celles qui ont un impact positif sur le destin de l’humanité, et celles qui provoquent des émotions. Cela va de Martin Luther King à Einstein, de Denzel Washington à Thomas Sankara ou encore de Michael Jordan à Elon Musk.

Où te vois-tu dans dix ans ?

Je me vois toujours actif, essayant de développer de nouvelles idées !

Selon toi, qu’est-ce qu’être Noir&Fier ?  

C’est être conscient de la richesse de son héritage, conscient de sa force, conscient de son impact sur le monde, confiant dans sa capacité à écrire le futur.

As-tu des conseils à donner à des personnes qui rêvent d’entreprendre ?

Chaque parcours de vie est différent, chaque sensibilité se respecte, il n’y a donc pas de recette miracle. Mais si je devais en donner trois, ça serait d’être persévérant, de savoir bien s’entourer et d’être curieux.

Mathieu N'DIAYE
Mathieu N'DIAYE
Mathieu N’Diaye, aussi connu sous le pseudonyme de Makandal, est un écrivain et journaliste spécialisé dans l’anthropologie et l’héritage africain. Il a publié "Histoire et Culture Noire : les premières miscellanées panafricaines", une anthologie des trésors culturels africains. N’Diaye travaille à promouvoir la culture noire à travers ses contributions à Nofi et Negus Journal.

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