Votre meilleure paire de shoes est tâchée, froissée, délavée ? Pas de panique, Fes a la solution !
Fessoil Abdoulahmidi est un pur produit de la culture Hip-Hop. Ainsi, naturellement passionné de sneakers, il a lancé fin 2018 l’atelier Clean Cap’N Shoes, un service dédié au nettoyage, la rénovation et la customization des baskets et des casquettes. Homme de terrain issu de la génération pré-internet, celui qu’on surnomme Fes est un hyperactif. Travailleur, père de famille, militant et encore bien d’autres choses, le chef d’entreprise a opérer récemment un brillant re-positionnement sur le digital. Focus le parcours d’un franco-comorien connecté.
Comment naît le concept Clean Cap’N Shoes ?
Ma passion pour la culture sneaker et mon amour inconditionnel pour la culture Hip-Hop, parce que tout est lié. Ce sont ces deux passions qui m’ont poussé à lancer cette affaire.
Avais-tu toi-même rencontré des problèmes de nettoyage pour tes paires ?
Exactement. Je suis un grand collectionneur de baskets et j’avais moi-même rencontré ce problème plusieurs fois, sans avoir la solution pour les nettoyer. J’utilisais les produits Foot Locker et autres mais ce n’était pas très efficace. Lors d’un voyage aux Etats-Unis il y a quelques années, à Los Angeles, je suis tombé sur des gars qui nettoyaient les chaussures des passants, à-même le trottoir et j’avais trouvé ça super intéressant. J’en ai parlé à des amis. L’idée est restée dans un coin de ma tête, même si la mentalité française fait que les gens essaient souvent de te dissuader. Deux ans plus tard, après une formation et quelques tutos je me suis finalement lancé.
A l’origine, es-tu issu du monde l’entrepreneuriat ?
J’ai commencé à entreprendre il y a 10 ans. J’ai eu une boutique de Streetwear à Clignancourt, dans le marché Malik. J’au dû quitter les lieux suite à un incendie. Avec l’argent de l’assurance, je me suis dirigé vers un autre domaine : la restauration. Même si c’est tabou ici, lorsqu’on entreprend c’est pour gagner de l’argent donc quand un ami a décidé de revendre sa pizzeria qui était très rentable, en face du Studio 104, sur l’avenue du Président Wilson à Saint-Denis (93), je me suis dit pourquoi pas. J’ai tenu 3 ans parce que ça ne collait pas avec mon mode de vie, je venais d’avoir mon deuxième enfant et c’était compliqué à gérer. Je gagnais de l’argent mais ce rythme n’était vraiment pas fait pour moi.
Comment as-tu acquis ces notions d’entrepreneuriat ?
Sur le tas. Avant d’ouvrir ma propre boutique, je faisais des aller-retour en Chine où j’achetais des vêtements que je revendais dans le quartier et aux alentours de chez moi, de Clamart aux Ulysses. En banlieue, tout le monde se connaît plus ou moins et je suis de la génération 1980, il n’y avait pas internet donc on était beaucoup plus dans le contact. Ça été mes premiers pas dans l’entrepreneuriat. Je suis un gars du terrain et petit à petit je me suis constitué un portefeuille relationnel qui m’a permis d’ouvrir ma première boutique. Une fois qu’on est dedans, on continue. Après mon expérience Pizzeria, j’ai passé une formation de chauffeur-poids-lourd, ce qui m’a conduit à une existence plus rangée, avec des horaires plus adéquats. J’étais salarié, je rentrais chez moi mais lorsqu’on est entrepreneur, ça nous rattrape toujours. C’est comme ça que j’y suis revenu avec l’aventure Clean Cap’N Shoes.
As-tu lancé cette affaire seul ?
J’ai monté seul le projet que j’ai ensuite proposé à un ami. Il est toujours plus facile d’être à deux dans un projet mais ça été une erreur. Nous avons fait un1 an ensemble à la boutique mais ce n’était pas fluide, nous n’avions pas la même vision et quand tu travailles avec quelqu’un, tu as tendance à reprocher à la personne ce qui ne va pas. Lorsque tu es seul, tu ne peux t’en prendre qu’à toi-même. Donc on a mis fin à la collaboration, il a repris ses parts. Nous nous sommes séparés en bons termes. Aujourd’hui, je travaille uniquement via le service de livraison et c’est beaucoup mieux.
D’une boutique physique, tu passes à un service digital. Qu’est-ce qui te pousse à entamer ce virage ?
On avait perdu plus de 50% de notre chiffre d’affaires à cause de l’année 2019 qui a été très sévère avec les entrepreneurs. 2020 est venue mettre le coup de grâce (rires). A présent, on est vraiment dans l’ère du virtuel. Il a fallu comprendre la nécessité d’être présent sur le net, il n’y a quasiment plus de physique, les gens ne se voient plus. Mais ça m’a permis d’envisager mon business autrement et je sens nettement la différence. Les gens ne se déplacent plus en boutique, parmi ces générations, beaucoup sont des entrepreneurs, tout le monde est dans la course et le fait de pouvoir venir chercher les paires n’importe où par voie de coursier est beaucoup plus pratique pour tout le monde. Je pense qu’on va vraiment développer le business sur le digital, en créant une application notamment.
Quel regard portes-tu sur les débuts de Clean Cap’N Shoes depuis ce re-positionnement ?
J’ai commencé par le physique et quand je vois ce que j’arrive à faire grâce au digital, je regrette même de ne pas avoir commencé directement par-là. Cependant, il y a aussi du positif dans ce parcours. Avoir une boutique permet d’installer le service, de donner une crédibilité et de se professionnaliser. C’est un nouveau type de service, on est 3 ou 4 enseignes sur ce créneau à Paris donc c’était important de marquer le coup. La chance qu’on a c’est qu’on est tous connectés donc avoir le beau Paris qui passait au magasin m’a beaucoup aidé.
Après ces événements auxquels on a dû faire face, savoir se réorienter est le conseil que tu pourrais donner aux néo-entrepreneurs ?
Je n’en suis pas à ma première aventure. Lorsque les gens se lancent en ouvrant leur propre boutique, ils pensent que c’est une finalité en soi alors que non. Une boutique c’est des charges, des frais, les gens ne viennent pas forcément, tu es bloqué en boutique de 11h à 19h donc tu ne peux pas te mettre sur d’autres projets. Pour les gens comme nous qui avons 1000 casquettes et avons besoin d’être un minimum mobile, ce n’est pas très adapté. Ce que je conseillerai aux jeunes c’est justement d’essayer d’adapter leur business à leur mode de vie. Je suis père de famille, acteur associatif, militant je fais plein de choses donc être bloqué du lundi au samedi la journée entière, je ne pourrais plus. Il y’en a qui sont plus posés et qui ont besoin de ça, chacun voit midi à sa porte comme on dit. A force de toucher un peu à tout, tu commences à voir ce qui te va le mieux. Par exemple, moi je sais que je voulais un truc Hip-Hop parce que j’aime ça, quelque chose lié à la sneaker et une activité qui me laisse du temps.
Quelle a été l’importance de ton réseau dans ton propre développement ?
C’est très important. La force du réseau c’est la base à Paris. Je ne suis pas parti dans l’optique de me constituer un réseau pour pouvoir travailler avec, c’est vraiment la chance et les opportunités qui ont favorisé ça. Je me suis fait des amis en étant sur le terrain, ça été un s élection naturelle, vrais reconnaissent vrais, ensuite on tente les choses.
Avoir des proches entrepreneurs t’a-t-il également aidé ?
Ça aide à garder le cap et il faut ajouter que, même si ça reste inspirant de regarder ses pairs, il ne faut pas être frustré en regardant ceux qui vont plus vite ou plus loin. Tout le monde veut aller vite et les gens sont vite complexés. Contente-toi de ce que tu as, regarde ce qu’il y a en-dessous et bats-toi déjà pour ce que tu possèdes. Réconforte-toi dans ce que tu as réussi à créer, ne cherche pas directement à devenir un gros. Il y a des étapes, ça prend du temps d’installer un business. Prenez le temps de retravailler votre projet et s’il est bon, ça portera forcément ses fruits.
Ce qui ressort aussi dans tes projets c’est l’engagement, envers l’Afrique et envers les autres. Cela a-t-t-il toujours fait partie de ton identité ?
J’ai toujours eu ça en moi. J’ai très tôt été impliqué dans mon pays d’origine, les Comores. J’allais eu bled tous les deux ans. Elevé par une mère veuve, le corps de mon père a été rapatrié là-bas et je m’y rendais pour me recueillir sur sa tombe. Ça m’a accompagné. Mes forces sont, dans l’ordre : L’Afrique, la banlieue, la famille. Ce sont les choses qui me boostent et qu’on retrouvera toujours au cœur de mes projets. C’est ma nature et ce sont mes valeurs : redistribuer à la jeunesse, essayer de se faire passer les opportunités entre nous, parfois ce sont des gestes minimes comme donner un numéro de téléphone. On parle en ce moment du Support Black Business, auquel j’adhère, mais toujours avec la qualité comme critère principal. Si un concept me parle, que je connaisse ou non la personne, j’irai donner de la force, la féliciter, sans rien attendre en retour. Pareil pour les jeunes qui ont besoin d’un job d’été, j’essaierai de les placer dans des filières auxquelles on n’a pas forcément accès. Je pense que c’est comme ça qu’on va pouvoir grandir et se développer, en travaillant entre nous, en s’entraidant, naturellement et sans faire de bruit. Il se passe beaucoup de choses sur les réseaux mais je pense qu’en termes d’action il y a encore du boulot. Ça vient doucement et ça va aller (rires).
Où te vois-tu emmener Clean Cap and Shoes d’ici 5 ou 10 ans ?
Je me vois installé dans de grosses enseignes telles que Carrefour. Avoir mon service de pressing à chaussures à l’entrée de ces complexes, toujours avec mon service digital et la livraison mais en partenariat avec ces marques, en gardant nos laboratoires à l’écart de l’accueil client.
Des paires à faire nettoyer ? Clean Cap’N Shoes vous envoie votre coursier au 0613010533 ou directement ici: