Brésil: un Noir de 14 ans tué par un policier

João Pedro Matos Pinto, un jeune Brésilien de 14 ans est une des dernières victimes noires innocentes des violences de la police brésilienne. Bien que l’attaque ait ciblé par erreur la maison où se trouvait l’enfant, celle-ci fut marquée par 72 marques de balles.

Par Sandro CAPO CHICHI / nofi.media

Des indignations contre la mort de George Floyd au Brésil

Ce fut le cas au Brésil comme dans une grande partie du monde. La mort de George Floyd a entraîné au Brésil des manifestations contre les violences policières négrophobes. Dans un pays où un jeune Noir est tué toutes les 23 minutes, cette indignation a trouvé une résonance particulière. Au Brésil, le dimanche 31 mai 2020, plusieurs centaines de manifestants ont protesté devant les locaux du gouverneur de Rio de Janeiro. Cette action était aussi motivée par une tragédie plus ancienne et bien brésilienne.

La mort de João Pedro Matos Pinto

18 mai 2020, ville de São Gonçalo, près de Rio de Janeiro. La police militaire débarque brusquement  dans une favela, à la recherche de trafiquants de drogue. Elle cible la maison de l’oncle de João Pedro Matos Pinto, 14 ans, qui y joue avec son cousin. Aucun des résidents de l’endroit n’est pourtant coupable d’un quelconque trafic de drogue. Il s’agit d’une erreur grossière de la police. L’opération est pourtant du rare violence. Les murs de la maison seront marqués de 72 impacts de coups de feu. Une balle aura aussi touché fatalement l’estomac de João Pedro Matos Pinto.

Un corps déplacé et une mort tardivement annoncée

Le corps de l’adolescent a été déplacé par la police via un hélicoptère dans une caserne de pompiers à 8 kilomètres de là. L’enfant y fut déclaré mort dès son arrivée. Ce traitement difficilement compréhensible a en outre renforcé les suspicions sur le degré de  culpabilité de la police dans  la tragédie. Pendant près d’une journée, la famille de João Pedro Matos Pinto, qui n’avait pas été avertie du déplacement de leur enfant, a cherché son enfant dans les hôpitaux des environs sans succès.

Une version des faits disputée

D’après le rapport initial de la police, des trafiquants de drogue en fuite auraient tenté de franchir le mur de la maison. Ils auraient ensuite jeté des grenades sur les policiers qui les poursuivaient. D’où l’attaque violente des policiers contre la maison. Ce récit est toutefois contredit par le cousin de la victime. Daniel Blaz a rapporté que la police s’était introduite par effraction bien qu’ils aient été avertis qu’il n’y avait qu’un adolescent dans la maison. La police avait lancé des grenades dans la maison avant de tirer.

Une bavure raciste?

S’exprimant dans les colonnes de The Guardian, le père de la victime s’est lamenté du fait que la police ne traite tous les habitants des favelas, « d’honnêtes personnes noires »,  comme des criminels.

La tante de João Pedro Matos Pinto, a quand elle déclaré: « Il y a un facteur racial dans tout cela…et ça ne devrait pas être le cas. On est tous supposés être égaux…si vous êtes dans le bus et que la police monte, ses membres fouilleront d’abord les non-Blancs…Si un homme noir court, c’st qu’il est coupable. On est fatigués de voir ce genre de choses arriver.  »

 

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