La plus grande tentative d’évasion d’esclaves dans l’histoire américaine

Cet événement connu sous le nom de « l’incident du Pearl » fut la plus grande tentative d’évasion (non violente) d’esclaves jamais archivée dans l’histoire des États-Unis.

La plus grande tentative d’évasion d’esclaves dans l’histoire américaine

Le 15 avril 1848, soixante-dix-sept esclaves tentèrent de fuir Washington (dans le district de Columbia) en s’embarquant sur une goélette appelée le Pearl. Leur plan était de naviguer vers le sud sur le fleuve Potomac, puis vers le nord en remontant la baie de Chesapeake et le fleuve Delaware jusqu’à l’État « libre » du New Jersey. Soit, un périple de près de 362 km. Cette tentative d’évasion fut organisée par des Blancs abolitionnistes et des Noirs libres. Paul Jennings, un ancien esclave qui avait servi le président James Madison, avait aidé à planifier cette audacieuse évasion.

Paul Jennings (1799-1874), ancien esclave afro-américain

Les esclaves, hommes, femmes et enfants, virent leur voyage retardé par les vents qui s’abattirent sur le navire. Et deux jours plus tard, ils furent malheureusement capturés par une bande armée voyageant en bateau à vapeur. Pour les punir, les propriétaires vendirent la plupart des esclaves à des commerçants, qui les emmenèrent dans le Sud des Etats-Unis, où la cruauté des esclavagistes était tristement célèbre parmi les Noirs.

Le sort des soixante-dix-sept esclaves n’est pas connu, mais au moins deux d’entre eux obtinrent finalement leur liberté. Il s’agissait de Mary et Emily Edmonson. En effet, leur père utilisa le retentissement de l’incident du Pearl pour collecter des fonds et libérer ses filles. En novembre 1848, elles furent finalement émancipées grâce aux fonds collectés [1]. Toutes deux militèrent contre l’esclavage et reçurent une éducation. Cependant, Mary mourut tragiquement alors qu’elle n’avait que 20 ans.

Cette photo daguerréotype montre Mary Edmonson (debout) et Emily Edmonson (assise), peu après leur libération en 1848.

La fin à la traite des esclaves dans le district de Columbia

En réponse à la tentative d’évasion et à l’émeute raciale qui s’en suivit, le Congrès mit fin à la traite des esclaves dans le district de Columbia, sans toutefois abolir l’esclavage. L’interdiction de la traite des esclaves était une disposition du Compromis de 1850 [2]. Celle-ci questionnait la place des nouveaux États occidentaux dans l’Union en tant qu’États esclaves ou en tant qu’États libres [3].

L’échec de cette tentative provoqua des réactions de la part des abolitionnistes et des militants pro-esclavagistes dans tout le pays et contribua à la rhétorique de division qui a finalement conduit à la guerre de Sécession. L’incroyable histoire a également inspiré Harriet Beecher Stowe dans l’écriture de « La case de l’Oncle Tom« , un roman anti-esclavagiste rapidement populaire aux États-Unis, publié en 1852. [4]

Harriet Beecher-Stowe, abolitionniste américaine et auteur de « La Case de l’oncle Tom ».

Trois hommes blancs furent d’abord accusés de nombreux chefs d’accusation pour avoir aidé à l’évasion et transporté les esclaves. Ainsi, les capitaines Daniel Drayton et Edward Sayres furent jugés et condamnés en 1848. Après avoir purgé quatre ans de prison, ils furent graciés par le président Millard Fillmore en 1852.

Notes et référence :

[1]  Mary Kay Ricks, Escape On The Pearl: The Heroic Bid For Freedom On The Underground Railroad, New York: William Morrow, 2007

[2] Le Compromis de 1850 était un ensemble de cinq projets de loi distincts adoptés par le Congrès des États-Unis en septembre 1850 qui désamorçait une confrontation politique entre les États esclavagistes et les États libres sur le statut des territoires acquis lors de la guerre américano-mexicaine.

[3] David L. Lewis, District of Columbia: A Bicentennial History, New York: W.W. Norton & Company, Inc., 1976

[4]  Harriet Beecher Stowe, Uncle Tom’s Cabin, Boston: John P. Jewett & Co, 1852; reprint edition, Garden City, N.Y.: Doubleday, 1960

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Mathieu N'DIAYE
Mathieu N'DIAYE
Mathieu N’Diaye, aussi connu sous le pseudonyme de Makandal, est un écrivain et journaliste spécialisé dans l’anthropologie et l’héritage africain. Il a publié "Histoire et Culture Noire : les premières miscellanées panafricaines", une anthologie des trésors culturels africains. N’Diaye travaille à promouvoir la culture noire à travers ses contributions à Nofi et Negus Journal.

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