Le 25 novembre, c’était la journée internationale de la lutte contre les violences faites aux femmes. C’est malheureusement pendant ce mois que Ghislaine, une jeune femme ivoirienne a vécu le pire…
Récit rapporté par Traoré Bintou Mariam.
Dans la soirée du 3 novembre 2019, Ghislaine Kobi est violemment battue par son compagnon, Axel Tanoe. La cause ? Elle aurait reçu un compliment sous l’une de ses photos sur Facebook. Jugé inadmissible par son petit ami, il décide de la corriger en lui fracturant l’œil à l’aide de son genou…
La victime décide après cette violente dispute de déposer une plainte au commissariat le plus proche. Constant, elle doit également être opérée avant une semaine au risque de perdre l’œil.
Le 7 novembre, les parents de son bourreau, se rendent chez la famille de Ghislaine pour demander pardon et proposer la somme de 500 mille francs CFA pour les soins de la fille. La famille refuse. La victime réussira quand même à se faire opérer et avoir un peu de répit en apprenant que son boucher a été déféré.
Cependant, l’agresseur reconnu comme étant le fils du roi de Grand-Bassam et de la chanteuse ivoirienne Monique Séka, a sûrement bénéficier d’une certaine couverture et de relations qui lui permettent d’être rapidement relaxé… Après tout juste deux semaines. L’histoire ne s’arrête pas là. Axel Tanoe, content de pouvoir goûter à nouveau à la liberté va jusqu’à narguer la victime en faisant des publications sur les réseaux sociaux. “Tu as ton petit carnet d’adresse, mais ça leur fait mal, ils pensent qu’ils ont trop de relations”
Désemparée, Ghislaine contacte des activistes féministes ivoiriennes qui lancent une pétition et lui conseillent de se rendre au Parquet d’Abidjan afin de savoir si son dossier a bien été transmis. Elle apprendra que le procès de son bourreau s’est tenu le 21 novembre, qu’il a été condamné à six mois de prison avec sursis… et une amende de 50 mille francs CFA ! Elle n’a pas été contactée et n’était pas au procès ! On lui expliquera qu’elle a été contactée, mais en vain. Elle demande, alors à vérifier le numéro de téléphone sur lequel on l’a contactée. Le ciel s’écroule sous ses pieds ! Le numéro enregistré comme le sien était en fait celui… de son agresseur !
“Comment se fait-il que l’on puisse faire un procès sans la victime ? Comment se fait-il-que pour avoir battue une femme à sang en Côte d’Ivoire, le coupable s’en sorte avec six mois de sursis en plein mois de campagne contre les violences faites aux femmes ? Mais surtout comment se fait-il que MIRACULEUSEMENT, son numéro ait été échangé contre celui de son agresseur qui est le fils d’une autorité ivoirienne ? Était-ce fait à dessein pour libérer ce fils du roi ? ” Toutes ces questions se bousculaient dans la tête de Ghislaine….
Selon l’Organisation des citoyennes pour la promotion et la défense des droits des enfants, femmes et minorités (CPDEF), à Abidjan, plus de 70 % des femmes ont affirmé avoir déjà été victimes de violences conjugales. Aussi, 25 cas de féminicides ont eu lieu entre janvier et octobre 2019 dans la seule ville. Alors, quel message veut faire passer l’État de Côte d’ivoire en condamnant un homme qui aurait battu à sang une femme à une peine de sursis, mais par-dessus tout en faisant un procès dans le dos de la victime ? Au final, LES VIES DES IVOIRIENNES COMPTENT ELLES ?