Le 30 septembre dernier, le président camerounais Paul Biya initiait la tenue d’un « Grand Dialogue National » dans l’objectif d’apaiser les tensions et les conflits meurtriers qu’essuie le pays. En ce lendemain de clôture, on dénombre quelque 300 détenus de la crise anglophone libérés ainsi que le leader de l’opposition Maurice Kamto, et 90 de ses partisans.
Paul Biya ordonne la libération de 333 personnes
Jeudi 03 octobre, un communiqué émanent du Premier ministre camerounais, Joseph Dion Ngute a annoncé que le président Paul Biya ordonnait la libération de 333 personnes détenues « pour délits commis dans le cadre de la crise dans les Régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest« . Cette décision intervint durant les assises du « Grand Dialogue National » censé apaiser les tensions qui opposent les indépendantistes anglophones à l’armée. Selon les ONG, la « crise anglophone » a déjà fait plus de 3000 victimes en deux ans.
J’ai décidé ce jour de l'arrêt des poursuites pendantes devant les Tribunaux Militaires contre 333 personnes arrêtées et détenues, pour des délits commis dans le cadre de la crise dans les Régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.#CmrDialogue#PaulBiya#Cameroun
— President Paul BIYA (@PR_Paul_BIYA) October 3, 2019
La libération de Maurice Kamto et des partisans de MRC
Dans la même vague de grâce présidentielle, ce samedi 5 octobre sonne la fin du calvaire du leader du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC), Maurice Kamto, et 90 de ses partisans poursuivis par la justice militaire, notamment pour « insurrection ». Le tribunal militaire de Yaoundé a ordonné leur libération après neuf mois de détention.
En effet, les élections présidentielles d’octobre 2018 qui ont fait l’objet de nombreuses irrégularités se sont déroulées dans un climat de crise sociale (avec la partie anglophone) et économique (arrivée de réfugiés). Le 26 janvier 2019, des manifestations pacifiques ont lieu dans plusieurs villes du Cameroun et ailleurs en Europe pour contester les résultats qui ont permis à Paul Biya de briguer un septième mandat. Une centaine de sympathisants du MRC tel que l’artiste Valsero ou simples citoyens venus dire « non au hold-up électoral » ont été écroués.
J’ai décidé de l'arrêt des poursuites judiciaires contre certains responsables et militants de partis politiques, notamment du MRC, arrêtés et détenus pour des faits commis dans le cadre de la contestation des résultats de la récente élection présidentielle#CmrDialogue#PaulBiya
— President Paul BIYA (@PR_Paul_BIYA) October 4, 2019
La cérémonie de clôture qui s’est déroulée ce vendredi 4 octobre au Palais des Congrès de Yaoundé laisse planer le doute quant au réel succès de la sortie de crise. Dans son bilan, le président Biya réaffirme le principe de décentralisation, contrairement à la fédération réclamée par les plus « radicaux », en octroyant néanmoins un statut spécial aux deux régions anglophones. La mise en place des mesures et son calendrier restent toutefois encore flous.