Par Georges Dominique. Quand elle ne joue pas la comédie, Tiffany Haddish joue les caïds…
« Monsieur, le film est en anglais » précise cette jeune caissière avant de se justifier : « Il y a deux personnes qui sont venues pour se faire rembourser ». Ce film en anglais donc, c’est : Les Baronnes. L’histoire de trois femmes devenues mafieuses après que leurs maris aient été envoyés en prison. Parmi celles-ci, il y a notamment la comédienne afro-américaine Tiffany Haddish. Voici comment elle est devenue une Baronne.
ENCAISSER SANS BRONCHER
C’est à Hell’s Kitchen, quartier new-yorkais malfamé, que l’action se déroule. À l’époque où la mafia irlandaise y faisait la loi. Nous sommes à la fin des années 70, en 1978 pour être précis, et c’est à cette époque que trois femmes, la mère au foyer Kathy Brennan (Mélissa McCarthy), la femme battue par son mari Claire Walsh (Elisabeth Moss) et enfin la grande gueule apeurée devant son époux violent Ruby (Tiffany Haddish) reprennent le business et empilent les cadavres au passage.
Ruby, un diamant à tailler.
Contrairement à ses partners in crime, Ruby est la seule afro-américaine du groupe. Et, rares sont ces jours où personne ne le lui rappelle la couleur de sa peau.
Entre menaces verbales et violences physiques, la vie de Ruby est tout sauf un long fleuve tranquille. Avec en plus une belle-mère acariâtre, qui est tellement agréable que tu aurais envie que la foudre la frappe trois fois.
Mais derrière ce côté docile se cache un(e) Ruby.
PRENDRE SON DESTIN EN MAIN
Fatiguées de se contenter de ces enveloppes, à peine remplies par quelques billets que certains leur laissent, en attendant que leurs époux reviennent, Ruby et ses amies prennent leur destin en main.
Fini la souffrance, bonjour la jouissance !
Du lundi au lundi.
De commerce en commerce, en passant par les bars et autres établissements, elles offrent leur protection que les gérants le veuillent ou non. Et à ce jeu-là, celui des menaces, Ruby est plutôt pas mal. Elle veut fait la loi du lundi au lundi comme un certain rappeur originaire d’Évry.
(Alerte spoiler !) Son ascension vers les sommets se fait sous les yeux complices d’un agent du FBI et rappeur dans la vraie vie : Common.
S’ASSOCIER AVEC L’ENNEMI POUR VOLER DE SES PROPRES AILES
American Gangster avec le « vieux père » Denzel Washington, Scarface, « film préféré de nombreux rappeurs afro-américains », ou encore Pulp Fiction notamment avec Samuel L. « Mothafucka » Jackson, faire partie de la pègre n’est pas de tout repos.
À la fin, ça se paie cash : soit dans une cellule trop petite pour contenir l’égo d’un caïd déchu, soit dans un lit à une place mis sous terre.
La « petite astuce » que la réalisatrice Andrea Berloff a trouvée ici, c’est de faire en sorte que pour s’en sortir dans ce milieu dominé par la pègre irlandaise, Ruby fricote avec l’agent spécial afro-américain Gary Fields (Common), dont la révélation de ses liens avec l’ennemi s’est faite dans les derniers instants de ce film qui dure 1 heure 42 minutes.
Seule petite satisfaction d’un film agréable à regarder mais sans profondeur. Pas de quoi non plus regretter cette séance qui a commencé par : « Monsieur, le film est en anglais ».