La crise politique qui secoue Haïti depuis plusieurs mois a pris un nouveau tournant fin septembre 2019 avec une augmentation des manifestations et des répressions policières. Le peuple réclame le départ du président Jovenel Moïse, accusé de corruption et de de faire empirer sa précarité.
Des chiffres inquiétants
Selon un communiqué de l’ONU datant de juillet 2019, environ 5,4 millions d’Haïtiens sont sous-alimentés. Selon le rapport, les causes en sont « la hausse des prix des produits alimentaires, la dépréciation de la monnaie et détérioration des termes de l’échange, [le] chômage et [la] perte de revenus ». C’est en 2019 que s’est véritablement aggravée la situation. Entre 2018 et 2019 en effet, le nombre de sous-alimentés a doublé. S’en est suivi un soulèvement populaire mettant aux prises protestataires et forces de l’ordre.
Le symbole de la crise politique : l’affaire Petrocaribe
En 2005, le Venezuela et des pays de la Caraïbe signaient l’accord PetroCaribe. Il garantissait aux pays caribéens la vente et le remboursement du pétrole vénézuélien à des tarifs préférentiels. Haïti s’est engagé dans l’accord en 2006.
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Les présidents haïtiens et d’autres personnes proches du pouvoir sont accusés d’avoir dilapidé le fonds Petrocaribe doté de 3.8 milliards de dollars US. Leur dette à l’égard du Venezuela s’est accrue. Ce pays, victime d’une crise sans précédent, a du arrêter son exportation de pétrole vers Haïti en 2018. Haïti a du se tourner vers de nouveaux créanciers . A cause des dettes accumulées s’en est suivie une pénurie des carburants. Sous la pression de ses créditeurs, Haïti a également coupé les subventions en faveur de l’énergie dans son pays. Cela a entraîné une augmentation du prix des carburants de 50%.
Le peuple a faim et a soif
Cette situation est particulièrement préjudiciable pour la population haïtienne victimes de régulières catastrophes naturelles ces dernières années qui ont détruit une grande partie des ressources alimentaires. Pour beaucoup d’Haïtiens, le carburant est indispensable pour faire fonctionner l’électricité. Le pays est également confronté à une sécheresse qui selon certaines estimations pourrait toucher 50% du territoire haïtien d’ici 2050. Le résultat est une raréfaction de l’eau potable et de la nourriture, des besoins de base auxquels n’ont pas accès la plupart des Haïtiens. Ceci contrairement à la minorité gouvernante accusée de s’accaparer les richesses du pays.