Une photo représentant un touriste européen conduit par des Congolais sur une chaise à porteurs a choqué un certain nombre d’internautes à cause de l’association de cette pratique à la période coloniale.
Par Sandro CAPO CHICHI / nofi.media
Les chaises à porteurs : une vieille pratique en Afrique centrale
Dès le 16ème siècle, l’utilisation de chaises à porteurs pour des dignitaires locaux est attestée en Afrique centrale. D’après les voyageurs européens ayant décrit cette pratique de porteurs, qu’ils comparaient à des ‘bêtes de somme’ était accomplie par des ‘esclaves’ ou des mercenaires.
Les chaises à porteurs durant la période coloniale
Durant la période coloniale, cette pratique s’est perpétuée. Aux dignitaires locaux portés durant la période pré-coloniale se sont en partie substitués des colons portés par des indigènes. Cette image d’Européens portés du bout des bras par des Africains serviles à été popularisée par des photographies ou encore des bandes dessinées de la période coloniale comme le très controversé Tintin au Congo. Elle est desormais largement associée au racisme et à la colonisation dans l’imaginaire de nombreux Congolais et autres Africains.
C’est la connotation négative de ce type de représentation qui a conduit la journaliste congolaise Ley Uwera à dénoncer sur Twitter une photographie montrant un touriste espagnol porté par quatre Congolais dans le parc Virunga près de Goma à l’est de la République Démocratique du Congo.
#RDC le park des Virunga @gorillacd devrait avoir honte de proposer ce genre de service aux #touristes. On se croirait à une époque coloniale. Je ne sais pas si cela fait parti de leur plan marketing mais c’est très dégoûtant😡 on ne veut pas de ça !!!! pic.twitter.com/Izp69hKV9t
— Ley Uwera (@Ley_Uwera) August 26, 2019
Ce parc, dirigé par un Belge, propose des services de porteurs à ses visiteurs voulant procéder à l’ascension du Volcan Nyiaragongo mais n’en ayant pas la condition physique. C’est le cas du touriste espagnol en question, selon le photographe de la scène, le Britannique Finbarr O’Reilly. Les quatre porteurs ont quant à eux été rémunérés à la hauteur de 100 dollars chacun pour les huit à dix heures de marche nécessaires à l’ascension du volcan. D’après les données de la Banque Mondiale pour 2017, le salaire moyen d’un habitant de la République Démocratique du Congo était de 457 dollars par an.
https://www.nofi.media/2016/11/fete-ro/32669