« Mon frère » est le long-métrage de Julien Abraham qui nous plonge en immersion dans l’univers des centres de redressement pour mineurs. Premier projet cinématographique portant l’artiste MHD à l’écran, il invite le public à s’interroger sur une problématique sociale délicate. En salles le 31 juillet.
« Mon frère », le drame social d’une jeunesse en péril
Dans la peau d’un jeune homme réservé, en proie à la violence d’un père ultra-possessif, qui va devoir affronter l’univers carcéral pour mineurs. Dans l’anti-chambre de la prison, au centre pour jeunes délinquants, notre protagoniste va expérimenter la captivité avec d’autres compagnons de misère, brisés par la réalité sociale. Ils ont moins de 18 ans, sont désabusés, en colère, résignés. Teddy (MHD), peine à se faire une place et à envisager la réinsertion à cause du drame familial qui l’a précipité au ban de la société. Un jeune frère, qu’il a dû quitter, une mère forcée de fuir, une grand-mère qui fait ce qu’elle peut. Encadré par des éducateurs et une psychologue aux méthodes thérapeutiques audacieuses (Aïssa Maïga), il va devoir décider de la tournure qu’il donnera au reste de sa vie.
Une problématique sociale
Ce long-métrage de Julien Abraham nous dévoile une autre facette du talent artistique de MHD. Le prince de l’Afro-trap, actuellement en attente de son jugement, s’essaye ici au septième art. Celui qu’on savait entertaineur et artiste talentueux présente une performance crédible, à la hauteur du scénario. Aussi calme qu’il y transparaissait, malgré ses rythmes entraînants, MHD incarne avec justesse cet adolescent taciturne et inoffensif. Tout au long de l’intrigue, le public s’attache et compatit à sa situation. Situation qui, ironiquement, fait écho à celle qu’il endure actuellement.
Toutefois, c’est Darren Muselet qui crève l’écran. Un brillant deuxième rôle qui équilibre la fiction. En Enzo, la brute du centre, aussi agressif que malheureux, il invite le public à s’interroger sur une problématique française occultée: la prise en charge des pupilles de la nation et autres enfants soustraits à l’autorité parentale. Les centres colmatent les fissures mais, quelle est la réelle solution apportée à tous ces jeunes dont on ne sait que faire ?
L’interrogation est renforcée par Papou, campé par Almamy Kanouté. En éducateur charismatique et impressionnant, il est le garant de l’ordre dans cette prison aux allures de colonie de vacances. Bien souvent recrutés pour leur carrure, ces personnels encadrants sont ceux qui côtoient quotidiennement la détresse de enfants du système. Entre la loi, la réalité du terrain et les abus, les frontières sont souvent minces et la hiérarchie, constamment, vient rationaliser des faits qui ne le sont pas. La performance d’Almamy Kanouté est d’autant plus efficace qu’il joue son propre rôle lui qui, à la vie civile exerce ce métier en banlieue depuis de longues années.
Le choix du casting est pertinent et l’on se réjouit de la contribution du réalisateur Sadia Diawara (La cité rose), qui a travaillé à la résorption des clichés. Faisant d’un Papou un héros ordinaire, d’un Teddy une jeune victime et d’un Enzo une terreur, il nous épargne de écueils dans lesquels tombent encore les artisans du cinéma français. Le film se regarde facilement, on y retrouve de l’émotion et du fond. Mon frère est un film social, sociétal et un support intéressant pour susciter le débat.
A découvrir en salles le 31 juillet.