Stanislas Zeze est le fondateur de Bloomfield investment corp. première agence panafricaine de notation financière. L’ivoirien, qui officie dans le monde de la Finance depuis plus de 20 ans souhaite contribuer à l’éducation financière des populations africaines, par la démocratisation de concepts d’usages courants mal maîtrisés. Pour Nofi, il a accepté de décrypter la notation et le fonctionnement du crédit à la consommation.
Comprendre la Finance avec Stanislas Zeze, fondateur de Bloomfield Invest.Corp.
La notation financière Kesako :
-Quel est le rôle d’une agence de notation financière ?
Le rôle d’une agence de notation financière est de déterminer la qualité de crédit. La qualité de crédit est la capacité et la volonté d’une entité emprunteuse de faire face à ses obligations financières à court, moyen est long terme. Cela signifie simplement que quand on prête à une entreprise, on veut se rassurer qu’elle a la capacité d’absorber ce qu’elle demande et la capacité ainsi que la volonté de rembourser. La volonté de payer peut se définir de différentes façons mais c’est quand vous avez l’argent et que pour des raisons techniques, vous ne pouvez pas payer.
- La capacité de rembourser : la capacité financière
- La volonté de rembourser : le mécanisme de gouvernance d’une entité, qui lui permet de prendre des décisions. Exemple : l’argent est à disposition mais ne peut être décaissé à cause de l’absence prolongée du signataire.
-Qui est concerné par la notation ?
Toute entité en dehors des personnes physiques. Toute personne morale qui a vocation à emprunter peut être notée. Il y a cinq catégories de risques, et c’est par là qu’on définit les entités évaluées. Il y a les instituions financières : banques, assurances, fonds d’investissement, fonds de pension. En somme, toutes les entités industrielles et commerciales à savoir :
- Les entités publiques
- les collectivités locales
- les souverains, donc les pays et communautés économiques
- les instruments financiers : fonds communs, OPCVM
-Comment ces notes sont-elles établies ?
A travers une évaluation assez rigoureuse de paramètres qualitatifs et quantitatifs. Nous, les agents de notation financière panafricaine, les établissons en monnaie locale. Pour les entreprises privées, nous allons également nous attacher au contexte dans lequel elles se développent car, parmi les paramètres il y a aussi le risque pays. Vous pouvez être une entreprise solide dans un pays fragile et cela vous fragilise et vice-versa, une entreprise fragile dans un pays solide sera consolidée car elle aura beaucoup plus d’opportunités.
Les paramètres quantitatifs :
- chiffres des états financiers
- évaluation de la capacité de générer du cash flow
- la trésorerie
- les dirigeants
- la capacité de gestion
- la structuration
- la prise décision
- les projets d’investissements
- la stratégie d’investissement
- la gestion du personnel…
- le PIB (dans le cas de la notation d’un pays
-A quelle fréquence note-ton une entité ?
Chaque année. C’est un processus continu. La note est valable un an et vient avec une perspective, qui est la tendance de la note et peut être positive, négative ou stable. Chaque trimestre on évalue la tendance. C’est ce dynamisme qui est bon et fait que la notation financière est aujourd’hui l’outil des investisseurs par excellence. On suit de façon permanente les entités dans leur portefeuille. Si l’agence n’a pas d’a priori sur le pays ou l’entité notée, elle considère que la note attribuée et celle qui reflète la qualité de crédit en temps réel.
Le crédit : commente ça marche ?
« On ne prête pas aux riches, on ne prête qu’à ceux qui peuvent rembourser, c’est différent. »
-Quels sont les pièges à éviter lorsqu’on veut contracter un crédit ?
Tout d’abord, il faut avoir un projet, qu’on soit un pays, une entreprise ou un individu. Ça peut être pour un bien durable, ou pour un investissement lucratif. Il ne faut pas juste que ce soit pour la consommation futile. Ce que j’appelle consommation futile c’est par exemple contracter un emprunt pour acheter une voiture de luxe. Ça n’a pas de sens. Le luxe ne se prend pas à crédit. C’est un bonus que vous vous octroyez lorsque vous êtes arrivé à un certain niveau d’opulence. On ne prend pas un crédit pour voyager en première classe puisqu’une fois arrivé, le produit est consommé mais vous devez de l’argent. Il est très important de comprendre que lorsqu’on emprunte on doit rembourser et lorsqu’on rembourse, on calcule sa quotité cessible. A côté de l’emprunt, il faut épargner. Il faut toujours avoir un coussin.
- Quotité cessible : « s’assurer que vous ne dépassez pas 20% de vos revenus en remboursement de vos crédits. »En somme, la part de vos revenus que vous pouvez mettre de côté afin de rembourser.
-Le crédit est-il donc préconisé pour les gens ayant un rapport sain à leur propre économie ?
Bien sûr. On ne prête pas aux riches, on ne prête qu’à ceux qui peuvent rembourser, c’est différent. On emprunte quand on peut rembourser, quand on ne peut pas ce n’est pas la peine. C’est plus important même que la somme empruntée. Ce que les gens ne comprennent pas c’est que moins vous avez d’argent, plus vous entrez dans un engrenage de crédits et ça ne finit jamais. Si vous payez le minimum, vous ne payez que les intérêts mais le principal reste dû. Il faut s’éduquer au crédit avant d’en contracter.
-Bloomfield Investment Corporation propose-t-il du conseil en gestion d’économie pour les particuliers ?
Oui et nous le faisons gratuitement par ailleurs. Nous aimons nous assurer que les gens n’entrent pas dans le crédit sans en maîtriser les conséquences. Il ne s’agit pas d’accepter tous les crédits qu’on vous propose. Les gens prennent tout, on vous propose un crédit très cher mais pour vous c’est de l’argent qu’on vous donne, non. On vous prendra finalement plus que ce qu’on vous aura prêté.
- Conseil 1 :
L’économie c’est important et économiser c’est indispensable. Si vous touchez 2000 euros, arrangez-vous comme vous voulez pour vivre sur 1500 euros et systématiquement épargner 500 euros. Retirez ces 500 euros de vos dépenses courantes et gardez à l’esprit qu’ils n’existent pas. C’est une discipline car lorsqu’on n’économise pas, on se retrouve toujours dans des situations compliquées. On vit dans un monde de plus en plus libéral et individualiste donc quand vous avez le moindre souci, il est difficile de trouver quelqu’un qui vous aide tout de suite. Le plaisir et le soulagement de savoir que si un jour il y a un problème on peut faire face, c’est extraordinaire.
- Conseil 2 :
Lorsque vous empruntez, il faut que ce soit en priorité pour quelque chose de lucratif ou de durable qui peut être revendu. Si vous empruntez pour une voiture, empruntez le minimum possible parce que c’est un bien qui perd de la valeur. Dès que vous sortez de chez le concessionnaire, elle a déjà perdu 25% et ensuite la valeur se dégrade.
-Cas pratique 1 :
Vous avez un crédit sur 20 ans, vous le remboursez pendant 10 ans puis, vous ne pouvez pas continuer : vous perdez tout, ainsi que le bien en cours d’achat. Ça n’aura servi à rien et finalement, vous n’aurez payé que les loyers pour consommer l’appartement dans lequel vous avez vécu.
-Cas pratique 2 :
(Courant aux Etats-Unis). Vous prenez 100 000 dollars de crédit et payez chaque année 10 ou 15 000 dollars d’intérêts. C’est tout ce que vous payez parce que c’est tout ce que vous pouvez payer cependant, les 100 000 dollars restent dus. Vous aurez donc payé 150 000 dollars d’intérêts pendant 10 ans mais vous devrez toujours 100 000 dollars.
Avant de contracter un emprunt :
-avoir un projet précis
-privilégier l’acquisition de biens durables et/ou l’investissement lucratif
-calculer sa quotité cessible
-épargner et s’assurer de pouvoir continuer à le faire une fois le remboursement en cours
Pour en savoir plus sur le travail de Stanislas Zeze et la société Bloomfield Invest. Corp, rendez-vous sur www.bloomfield-investment.com