Les stratégies de la Russie pour « accroître ses relations » avec l’Afrique

La Russie fait son grand retour en Afrique. L’ année 2019 a été ponctuée de nombreuses rencontres internationales durant lesquelles le Kremlin, qui se positionne comme alternative à l’Europe, compte bien rattraper son retard en termes d’investissement.

La Russie: un partenaire gagnant-gagnant ?

Dès la période post-indépendances africaines, l’ex URSS était considéré comme un allié alternatif aux anciennes puissances coloniales pour certains pays d’Afrique. Sur les plans politique (marxisme-socialisme), sécuritaire (vente d’armes soviétiques) ou encore universitaire (cursus à Moscou), l’influence soviétique a marqué le continent.

Le Premier ministre indien Narendra Modi, les présidents Xi Jinping, Cyril Ramaphosa, Vladimir Poutine et Michel Temer posent lors du sommet des BRICS à Johannesburg, en Afrique du Sud, le 26 juillet 2018

Aujourd’hui, c’est une Russie forte de sa position au sein des BRICS qui souhaite revenir sur le devant de la scène africaine. En effet, lors du 10e Sommet des BRICS du 27 juillet 2018, le président russe envisageait d’augmenter son aide au développement sur le plan énergétique.

«Nous proposons à nos partenaires africains de créer « clefs en main » une industrie toute entière. Les accords sur la coopération dans l’exploration pacifique de l’atome sont signés avec un nombre de pays de la région, alors que nous réalisons déjà des projets pratiques avec certains d’entre eux», avait assuré M. Poutine.

D’après le président russe, tous ces projets auront une valeur stratégique pour l’Afrique puisque jusqu’à 600 millions de personnes vivent toujours sur le continent sans avoir accès à l’électricité. De plus, il avait souligné que «la partie non-négligeable des initiatives russes prévoit une localisation des usines sur le territoire africain, y compris des entreprises de fabrication et d’assemblage». De quoi pallier au manque cruel d’industries sur le continent.

Le Kremlin s’impose sur le terrain militaire

La Chine est désormais un acteur incontournable sur tout le continent. Avec ses quelque 125 milliards d’investissement, augmentés des 60 milliards promis, la puissance asiatique est loin devant ses rivaux. Pourtant, derrière une Europe en déclin et une Inde qui veut s’imposer, la Russie avance aussi ses pions. Pour ce faire, le président russe privilégie les relations bilatérales (de pays à pays).

1. Le Congo-Brazzaville

Vladimir Poutine et Denis Sassou Nguesso lors d’une visite du président congolais ©Reuters

Le 23 mai dernier, le président congolais Denis Sassou-Nguesso s’est rendu en Russie. A l’issue de son entretien avec son homologue russe, les deux pays ont conclu, entre autres accords, de renforcer leur coopération militaire.

Ainsi, Poutine s’est engagé à envoyer des spécialistes russes pour l’entretien du matériel militaire. Ils dispenseront des formations sur « l’exploitation, l’entretien et la réparation » du matériel d’origine russe et soviétique présent dans l’armée congolaise, a précisé le vice-ministre russe de la Défense Alexandre Fomine. Cet équipement militaire comprendrait notamment des blindés, de l’artillerie, des hélicoptères, et peut « encore servir longtemps ».

 « Nos deux pays ont toujours eu des relations amicales », a déclaré le président russe qui s’est félicité de la croissance des relations économiques entre Moscou et Brazzaville. « Il y a un très fort potentiel dans les domaines de l’énergie et de l’agriculture », a ajouté Vladimir Poutine.

Denis Sassou-Nguesso a salué le retour de la Russie sur le continent africain. « La Russie a participé au combat pour la libération de l’Afrique », a-t-il déclaré dans un entretien à l’agence Tass. « Il est temps maintenant pour elle de participer au combat pour sa construction. »

2. La République Centrafricaine

En République Centrafricaine aussi la Russie est présente militairement. En décembre 2017, elle a conclu un accord de coopération avec la RCA prévoyant 180 conseillers et instructeurs militaires.

De plus, un décret signé mi-avril par le président russe Vladimir Poutine annonce l’envoie d’une trentaine de militaires en République centrafricaine au sein de la Minusca, la mission de stabilisation des Nations unies dans le pays. Moscou avait été autorisé à donner un premier stock d’armement à la RCA en vertu d’une exemption à l’embargo sur les armes décrété à l’égard de ce pays. D’autres livraisons ont suivi.

La République Centrafricaine est un des six pays africains avec lesquels la Russie a conclu un contrat de coopération militaire ces deux dernières années. Ce partenariat couvre aussi la RDC, la Guinée et le Burkina Faso.

L’Afrique, ses richesses et sa voix

S.E.M Roger Gnango, ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République de Côte d’Ivoire et le Président Vladimir Poutine

Avec environ 8 % des réserves de pétrole du monde, 7 % de l’or, 53 % des diamants, 75 % du platine et au moins 60 % des terres arables non cultivées, le continent demeure l’objet de convoitises entre les grandes puissances. La mise en culture aurait de quoi nourrir une grande partie de la population mondiale, qui à la fin de ce siècle pourrait atteindre 11 milliards de personnes, notait l’économiste Dambisa Moyo dans une analyse publiée par Project Syndicate.

Le futur sera donc africain, cela, tout comme le monde entier, la Russie l’a compris. C’est pour cela que la puissance eurasiatique veut sa place dans l’échiquier africain. En RCA, Angola, Zimbabwe et au Botswana la Russie exploite les mines de diamants. Au Ghana, en Libye comme en Algérie, le géant russe Gazprom opère dans l’exploitation gazière.

Dans des pays comme l’Egypte, le Soudan, le Nigeria, le Kenya ou encore la Zambie, la Russie est aussi présente dans l’industrie nucléaire civile à travers la société Rosatom.

Par ailleurs, l’Afrique est aussi membre de l’ONU. En ces temps de seconde « guerre froide », les voix de pays africains alliés sont indispensables à une Russie sous sanctions occidentales et engagée dans une lutte d’influence avec Washington. Ainsi, comme le précise Yuri Rubinski, un ancien diplomate: « L’Afrique d’abord ne l’oublions pas un paquet de voix important aux Nations unies. Et par conséquent, pour la Russie ce n’est pas rien d’avoir une coopération politique avec les pays africains. D’autre part, les Russes ne négligent pas, bien sûr, le côté économique. Je crois que l’Afrique est devenue un centre d’intérêts légitime des uns et des autres, qui peuvent effectivement être concurrents, mais c’est normal ».

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Sources:

Voaafrique

Dw

Lesechos

Sputniknews

Africanews

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