Quand Docteur Kylian ne prive pas ses adversaires de reins avec ses crochets, Mystère Mbappé lui vole la vedette de plus mauvaise manière.
« Normalement, il est très très fiable dans les matches comme ça. », reconnaît, gêné, l’entraîneur du Paris Saint-Germain Thomas Tuchel au sujet de Kylian Mbappé. Son très jeune attaquant (20 ans seulement …depuis le 20 décembre dernier), s’est fait expulser lors de la finale de la Coupe de France perdue face à Rennes (6-5 aux tirs au but). Une soirée où le numéro 7 parisien a (encore) montré deux visages.
CHEMIN DE CROIX ET MESSIE PARISIEN
«…Quand vous perdez, vous pouvez perdre. Voilà, on va être champion, mais il faut perdre avec la manière. On peut pas manquer de personnalité comme ça, prendre trois, quatre, cinq… », analyse à chaud Kylian Mbappé après la raclée (5-1) reçue chez le dauphin lillois. Il s’agit de la plus lourde défaite du club depuis le 5-1 (déjà !) à Sedan en 2000. Première étape d’un long chemin de croix qu’entament les coéquipiers de Presnel Kimpembe. Il y aura ensuite la défaite à Nantes (3-2) sans Mbappé dont l’intervention aurait été peu appréciée par le club…
DOCTEUR KYLIAN
De la personnalité, le natif de Bondy n’en manque assurément pas. Quelques jours plus tard, en plein week-end pascal, ses trois buts face à son ancien club Monaco ont permis de sécuriser ce huitième titre de champion de France que le club de la capitale refusait de prendre depuis plusieurs semaines. C’est dans ce contexte lourd et tendu qu’il s’apprête à conduire l’attaque des néo-champions de France face à Rennes.
KYLIAN MBAPPÉ NE PEUT RIEN CONTRE LA RENNESMONTADA
Disposée dans un 3-4-1-2 hybride, avec le retour de Neymar (absent sa blessure le 23 janvier 2019), l’équipe parisienne prend joliment les devants.
Reprise de volée du vétéran tatoué Dani Alvès, petit ballon piqué de Neymar en guise de conclusion d’un joli mouvement collectif, c’est un Paris Saint-Germain des grands soirs qui mène rapidement 2-0 face à des Rennais inoffensifs. Ceux qui ont parié se frottent sans attendre les mains, en pensant au jackpot qu’ils vont toucher…
PARIS FOND COMME NEIGE AU SOLEIL
Auteur de deux occasions manquées, le buteur droitier disparaît progressivement au fil de la rencontre. Son équipe en fait autant avec toujours cette fragilité psychologique qui débarque au plus mauvais moment comme face à Manchester qui était pourtant privé de Paul Pogba. Rennes en profite et égalise (2-2). Après la remontada du 8 mars 2017, le Paris Saint-Germain lance un nouveau concept : la Rennesmontada[1].
UNE FAUTE INEXCUSABLE
L’actuel meilleur buteur du Championnat de France avec 30 buts, premier français à atteindre ce total depuis le buteur Jean-Pierre Papin en 1990, tente de se rendre plus disponible qu’un distributeur automatique en fin de mois…mais n’y arrive pas.
À deux doigts d’offrir la victoire aux siens, son tir meurt sur le poteau. Nous sommes à la 99ème minute. Vient ensuite l’incident…Un geste impardonnable !
Isolé sur le flanc gauche, Mbappé tente de se défaire du marquage adverse mais perd le ballon. Il tente aussitôt aussi de le récupérer : tend sa jambe droite qui s’écrase sur celle de Benjamin Da Silva. Le geste est vilain, l’image laide et la faute impardonnable. Rouge direct ! Comme si Docteur Mbappé, qui prive ses adversaires de leurs reins à coups de violents crochets assassins, avait laissé la place à Mister Kylian avec le sentiment d’avoir manqué un épisode. C’est à n’y rien comprendre…
Malgré sa vraie fausse surprise, ses bras écartés en guise d’étonnement et son visage dépité, l’expulsé rentre au vestiaire plus tôt que ses coéquipiers. Paris perd ensuite, après que le pénalty manqué de Nkunku. Il était rentré pour remplacer…Mbappé.
Seul joueur en pleine possession ou presque de ses capacités (séance d’entraînement écourtée la veille), Kylian Mbappé a finalement pris un carton rouge ; le troisième de sa jeune carrière et déjà le second face à l’ogre Rennais, actuel du 11ème du classement de Ligue 1.
Élimination piteuse face à un Manchester emmenée par des bambins, flou artistique autour du projet, tension au sein de l’organisation, tous ces maux dont le Paris Saint-Germain souffrent, Mbappé est tout sauf responsable mais il incarne la figure de proue du Qatar Saint-Germain. Gageons qu’il saura se montrer sous un meilleur visage, avec ces bras croisés sous les aisselles en guise de célébration. Son entraîneur pourra alors déclarer sereinement en conférence d’après-match : « Il est très très fiable dans les matches comme ça. »
[1] Néologisme que l’on doit au rennais Hatem Ben Arfa, que le Paris Saint-Germain avait mis au placard pendant un long moment.