Jeudi 9 mai 2019, le Conseil Représentatif des Associations Noires (CRAN) a lancé une action judiciaire en référé contre l’Etat français et la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC).
Le CRAN lance une action en référé contre l’Etat et la Caisse des Dépôts et Consignations
L’affaire concerne les réparations à l’envers, extorquées par la France au peuple haïtien au lendemain de l’abolition, pour « indemniser » les anciens propriétaires d’esclaves.
Le 10 mai 2015, le CRAN avait apparemment obtenu gain de cause. Lors de l’inauguration du Memorial Act, le président Hollande avait reconnu l’existence d’une « dette que certains ont appelée rançon d’indépendance et qui, à n’en pas douter compromit l’avenir du pays. » Et il avait ajouté : « Quand je viendrai à Haïti, j’acquitterai à mon tour la dette que nous avons », une dette qu’il avait chiffrée à 17 milliards d’euros. Malheureusement, quelques heures plus tard, le président Hollande avait trahi sa parole en rétro-pédalant, et en affirmant qu’il ne s’agissait que d’une dette morale.
C’est pourquoi le CRAN poursuit sa bataille pour les réparations en saisissant le tribunal « aux fins de faire injonction à la Caisse des dépôts et Consignations d’avoir à restituer les fonds indûment détenus depuis 1825 », a déclaré Joanes Louis, avocat du CRAN.
Du reste, les réparations ne sont plus un gros mot : le CRAN a obtenu du président Hollande la mise en place d’une fondation pour la mémoire de l’esclavage. De Mme Hidalgo, le CRAN a obtenu le vote d’un musée de l’esclavage, « en guise de réparations ». De M. Macron, le CRAN a obtenu la restitution des trésors pillés pendant la colonisation. Ce sont des réparations effectives, des progrès notables, et même historiques, mais qui sont loin d’épuiser l’ensemble du sujet. C’est pourquoi le CRAN continue son combat légitime dans ce domaine, en mettant l’accent cette année sur Haïti.
Louis-Georges Tin, président d’honneur du CRAN a déclaré :
«Nous poursuivrons le combat inlassablement, car il n’y a pas de paix sans justice, et pas de justice sans réparation»
Ghyslain Vedeux, président du CRAN a conclu :
«C’est le monde à l’envers, sous la menace, victimes d’un crime contre l’humanité, les Haïtiens ont dû payer des réparations au bourreau. Il est temps de rétablir les choses»
Pour contacter le CRAN
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Notes et références
[1] « ESCLAVAGE ET RÉPARATIONS : À LA VEILLE DU 10 MAI, LE CRAN LANCE UNE ACTION EN RÉFÉRÉ CONTRE L’ETAT ET LA CDC.« , le-cran.fr, publié le 9 mai 2019