ABIDJAN, CAPITALE DE LA DÉBROUILLE : 5 MÉTIERS À (RE)DÉCOUVRIR

Abidjan n’est pas seulement « le plus doux au monde » mais aussi la capitale de la débrouille. 

« Découragement n’est pas Ivoirien ! », hurle-t-on au pays du coupé-décalé, qui résonne dans certains maquis dès les premières heures de la journée. Pendant que certains s’enjaillent, d’autres travaillent. Parfois même durement, et pour un salaire dérisoire. Gros plan sur ces métiers qu’on (re)trouve à Abidjan, capitale de la débrouille.

ABIDJAN, CAPITALE DE LA DÉBROUILLE

VENDEUSE D’ALLOCO

Abidjan, capitale de la débrouille: 5 métiers à (re)découvrir
Pas toujours évident d’avoir la banane.©️Tous droits réservés

Quand elle ne sert pas de point de repère (faute de Google Maps) à ton amie qui vient chez toi pour la première fois, la Tantie qui vend alloco cintre certains de ses clients en servant : trois tranches qui se battent en duel, pour savoir qui sera mangé en premier. Certains l’accompagnent d’œuf et/ou de poisson grillé, réchauffé dans une huile chaude qui n’a d’huile que le nom. Le vrai-faux débat sur alloco de maison qui est mieux que celui de la maison (Oui, oui…) est mort-né. La Tantie qui fait alloco, elle, est loin de tout ça. Elle encaisse son argent au calme.

C’est pas le quartier qui la quitte, c’est elle qui quitte le quartier.

Pour la petite histoire, plus tu es dans un quartier huppé, « choco » comme quelques-uns disent ici, moins tu as de chances de trouver une telle tantie. Résultat : tu es incapable de (bien) manger et d’indiquer chez toi. Yakô, courage, pour cette double peine ! À l’instar de la Tantie qui fait alloco, d’autres ne ménagent pas leur peine.

DJÔSSEUR DE NAMAN

ABIDJAN, CAPITALE DE LA DÉBROUILLE : 5 MÉTIERS À (RE)DÉCOUVRIR
Une vue imprenable, servie sur un Plateau.©️Tous droits réservés

« Je suis le PDG, le PDG du goudron…Abidjan Plateau devant les Finances ! », clamait feu Roch Bi dès les premières secondes du titre intergénérationnel P.D.G des Namans. Sortie dans les années 1990, cette chanson reste dans la mémoire collective de nombreux Ivoiriens. Et pour cause, elle met en lumière comme jamais un drôle de métier : djosseur de naman, très en vue dans les rues du Plateau (quartier d’affaires abidjanais).

Un entrepreneur entreprenant

Le plus souvent, il s’agit d’un jeune homme dynamique à la tête d’un programme de surveillance d’un parking à ciel ouvert. Le djosseur de naman trouve une place, t’invite à te garer en faisant de très grands signes avant de veiller sur ta voiture en échanges de quelques pièces.

Pense bien à en avoir quelques-unes (500 francs CFA, pour les plus fortunés d’entre nous), sinon tu risques de te faire traiter de tous les noms ! Par contre, plus ton pourboire est gros, plus tu as de chances de recevoir une pluie de compliments et surnoms. Encore mieux que si Fally Ipupa chantait ton nom.

Autre gestionnaire à temps partiel, ceux qui gèrent les cabines.

GÉRANT DE CABINE

Assis le plus souvent derrière un mini-bureau en bois aux couleurs d’un des opérateurs de téléphonie mobile de la place, le gérant de cabine fait plus de transferts que le Paris Saint-Germain de Kylian Mbappé ! Et donne plus de crédits qu’une organisation internationale à un pays africain, déjà sous perfusion.

Il s’agit le plus souvent de jeunes hommes diplômés qui, à défaut d’avoir un emploi dans un marché du travail extrêmement difficile, recharge le téléphone des clients.

FUTUR AGENT DE JOUEURS ?

Vu toutes les transactions qu’ils gèrent, l’un d’entre eux pourrait facilement remplacer l’agent de Paul Pogba, Milo Raiola, dont les activités ont été récemment suspendues à l’échelle internationale. Reste à savoir s’il pourrait l’envoyer effectivement au Real Madrid où Monsieur-Tout-le-Monde le voit jouer la saison prochaine…

Même s’ils ont peu de chances de tailler un costume au joueur mancunien, certains sont tout sauf maladroits avec leurs mains.

TOCLO TOCLO

ABIDJAN, CAPITALE DE LA DÉBROUILLE : 5 MÉTIERS À (RE)DÉCOUVRIR
Une machine prêt-à-porter.©️Wikipedia

Le bruit des ciseaux rouillés qui claquent dans l’air, au rythme des pas lents de ces messieurs, a bercé l’enfance mais aussi l’adolescence de nombreux Ivoiriens. Le toclo deux fois, c’est ce tailleur ambulant qui débarque dans ton quartier pour rapiécer ton jean préféré que tu conserves au lieu de le jeter à la poubelle, mais aussi raccourcir un vêtement trop long.

Sauveur un jour, sauveur toujours !

Oui, le toclo au carré, qui généralement porte sa machine ambulante sur l’épaule, livre en temps et en heure tes habits. Dommage que ton tailleur n’en fasse pas autant.

Pendant que ces couturiers sauvent la mise de certains habitants, d’autres encore participent à leur manière à l’économie.

POUSSE-POUSSE

ABIDJAN, CAPITALE DE LA DÉBROUILLE : 5 MÉTIERS À (RE)DÉCOUVRIR
C’est toujours mieux de marcher à deux pour aller plus loin.©️Tous droits réservés

Dans les rues embouteillées abidjanaises, où incivilités et mauvaise foi sont les seules à circuler finalement, ils sont là : ces messieurs qui poussent leur charrette remplie à ras bord de matériel de construction et autres poids lourds.

Au-delà de leurs limites, ils vont

On les appelle aussi wôtrôtigui, qui signifie porte-faix en malinké, ou encore bêlard. D’ailleurs, il paraît que : « Yeux voient bagage qui est lourd, c’est bêlard qui fait exprès ». La sueur dégoulinante sur le front, les bras poussant fort, la fatigue gravée sur le visage, ils avancent malgré tout. Parce qu’ils savent que : à chaque jour suffit sa peine !

Ce ne sont pas ces quelques travailleurs, pris ça et là, qui se priveront de dire que « Découragement n’est pas Ivoirien ! »

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