Alors qu’Omar el-Béchir a été écarté du pouvoir et arrêté après quatre mois de manifestations antigouvernementales, Nofi vous propose de revenir sur le parcours de celui qui a dirigé le pays d’une main de fer pendant trois décennies.
Qui est Omar El Béchir l’ancien président du Soudan ?
Omar Hassan Ahmad al-Bashir de son vrai nom est un homme politique soudanais qui était, il y a encore quelques temps, à la tête de la République du Soudan, dont il fut le septième président (de 1989 à 2019). Il arrive au pouvoir en 1989 après avoir mené un groupe d’officiers renégats lors d’un coup d’état qui renversera le gouvernement de Sadiq al-Mahdi [1].
Depuis lors, il fut élu trois fois à la présidence lors d’élections pour le moins douteuses… [2]. En mars 2009, al-Bashir est devenu le premier président en exercice à être inculpé par la Cour pénale internationale (CPI) pour avoir dirigé une campagne de génocide, de viols et de pillages contre des civils au Darfour [3].
En octobre 2005, le gouvernement El Béchir négociait la fin de la deuxième guerre civile soudanaise. Elle conduit à un référendum dans le sud du pays, entraînant la séparation du sud en un pays distinct, le Soudan du Sud [4]. Dans la région du Darfour, il a supervisé la guerre au Darfour, responsable de la mort de 10 000 personnes, selon le gouvernement soudanais. Mais la plupart des sources suggèrent qu’il y aurait entre 200 000 et 400 000 [5].
Durant sa présidence, plusieurs milices violentes les Janjaweed se sont opposées à des groupes rebelles tels que l’Armée de Libération Soudanaise (ALS) et le Mouvement pour la Justice et l’Egalité (JEM), dans une guérilla dans la région du Darfour. Cette guerre civile a déplacé plus de 2,5 millions de personnes sur une population régionale totale de 6,2 millions. Cela a créé une crise diplomatique entre le Soudan et le Tchad [6]. Les rebelles au Darfour ont perdu le soutien de la Libye après la mort de Mouammar Kadhafi et l’effondrement de son régime en 2011.
En juillet 2008, le procureur de la Cour pénale internationale (CPI), Luis Moreno Ocampo, a accusé El-Béchir de génocide, de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre au Darfour [7]. Le 4 mars 2009, le tribunal a délivré un mandat d’arrêt à l’encontre d’El-Béchir pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité, mais a déclaré qu’il n’y avait pas suffisamment de preuves pour le poursuivre pour génocide. Cependant, le 12 juillet 2010, la Cour a lancé un deuxième mandat comportant trois chefs distincts de génocide. Le nouveau mandat, comme le premier, a été remis au gouvernement soudanais, qui ne l’a pas reconnu comme il n’a pas reconnu la CPI.
Les actes d’accusation n’allèguent pas que Béchir a personnellement participé à de telles activités; au lieu de cela, ils disent qu’il est « soupçonné d’être pénalement responsable, en tant que coauteur indirect« . Certains experts internationaux estiment qu’il est peu probable qu’Ocampo dispose de suffisamment de preuves pour prouver ces allégations. L’Union africaine, la Ligue des États arabes, le Mouvement des pays non alignés ainsi que les gouvernements de Russie et de Chine s’opposent à la décision de la cour.
À partir de décembre 2018, El Béchir fait face à des manifestations de grande ampleur réclamant son retrait du pouvoir.
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Depuis le 11 avril 2019, son statut en tant que président devient incertain après que plusieurs sources aient indiqué qu’il s’était lui-même démis de ses fonctions. Cela a été confirmé par les forces armées soudanaises dans une « annonce importante » à la télévision publique [8].
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Notes et références
[1] « Omar el-Béchir : du coup d’Etat aux massacres du Darfour, trente ans à la tête du Soudan« , liberation.fr, publié le 11 avril 2019
[2] « Omar Al-Béchir réélu président du Soudan avec 94,5 % des voix« , lemonde.fr, publié le 27 avril 2015
[3] « Le président soudanais Omar el-Béchir poursuivi par la CPI« , lexpress.fr
[4] « La création du Soudan du Sud place l’ONU devant de nouveaux défis« , lemonde.fr, publié le 14 juillet 2011
[5] « Soudan du Sud: 400 000 morts depuis le début de la guerre civile« , rfi.fr, publié le 27 septembre 2018
[6] « Le Tchad a rompu toute relation diplomatique avec le Soudan« , lemonde.fr, publié le 15 avril 2006
[7] « Un mandat d’arrêt requis contre le président Omar el-Béchir« , rfi.fr, publié le 14 juillet 2008