Depuis plusieurs semaines, les étudiants du Congo-Brazzaville venus à Cuba pour leurs études en médecine tentent de se faire entendre. Cela fait 27 mois qu’ils ne perçoivent plus leurs bourses et vivent dans des conditions extrêmement difficiles.
Les étudiants Congolais à Cuba
On estime à environ 2000, le nombre d’étudiants Congolais à Cuba. En effet, depuis 2013, les deux pays ont signé un accord de coopération sanitaire afin de faciliter les échanges scolaires. Ainsi, des étudiants Cubains partent également étudier au Congo-Brazzaville. A l’université de la Havane, les futurs médecins Congolais sont motivés pour apprendre dans un pays réputé pour son savoir dans le domaine sanitaire. Ils espèrent par la suite retourner dans leurs pays afin de combler un manque cruel de personnel qualifié et formé.
Pourtant, depuis plusieurs semaines, ces jeunes sont en grève et n’assistent plus au cours. En cause: vingt-sept mois d’arriérés de bourses de la part de l’Etat congolais! Dans ces conditions, il est impossible de vivre et d’étudier correctement.
Des protestations pacifiques qui dégénèrent
Depuis la fin du mois de mars, les étudiants Congolais ne vont plus en cours. Ils ont organisé plusieurs manifestations pacifiques devant l’ambassade du Congo-Brazaville à la Havane, afin de réclamer le versement de leurs bourses d’étude. En effet, ils devraient percevoir 450 euros par trimestre de la part de l’Etat congolais, en plus du logement et des repas à la résidence étudiante. Néanmoins, depuis 27 mois, ils n’ont rien reçu. A cette demande plus que légitime, le gouvernement de leur pays a proposé un compromis: une versement de six mois de bourse. Proposition refusée par les étudiants qui ont déjà cumulé trop de dettes depuis ces interminables mois.
Ainsi, lundi 8 avril, une manifestation dans la résidence étudiante Salvador Allende a, pour la première fois, dégénérée. A l’appel du directeur, la police cubaine est intervenue pour mettre fin aux protestations. Des confrontations s’en sont suivies, engendrant une escalade de violence: gaz lacrymogène, chiens…un policier, débordé et visiblement en panique, a même dégainé son pistolet.
Plusieurs étudiants ont été arrêtés puis rapidement relâchés. Par ailleurs, on dénombre quatre blessés légers.
Une réponse insuffisante de l’Etat congolais
Dans un pays où les manifestations sont rares et sévèrement réprimées, les évènements du lundi 8 avril ont eu un impact au sommet du gouvernement cubain. Ainsi, le ministère de la Santé a réagit dans un communiqué.
« Les incidents ont été violents, ce qui a nécessité l’intervention des forces de maintien de l’ordre […]. Le ministère de la Santé publique, tout en réitérant son engagement solidaire à former des professionnels […] de tous les pays qui le demandent, en particulier du continent africain, réaffirme que de tels actes d’indiscipline ne seront pas permis et que des mesures pertinentes seront prises […]. »
De son côté, l’Etat congolais envisage d’envoyer une délégation sur place afin de régler la situation. Thierry Moungallo, le porte-parole du gouvernement, joint par Les Observateurs de France 24 assure que « le non-versement de ces bourses (…) est lié à la conjoncture économique du pays » arguant « que les ressources publiques sont insuffisantes ». Et d’ajouter que le gouvernement « est en discussion avec le FMI »…ce qui ne présage rien de bien meilleur.
En attendant, les étudiants congolais privés de leurs bourses doivent trouver des rentrées d’argent pour survivre. Cela engendre un travail illégal, qui est lui-même très fortement puni par la loi cubaine. Forcés à travailler, ils ne peuvent assister aux cours et connaissent des difficultés scolaires. Un cercle vicieux pour ces jeunes venus trouver l’espoir d’un avenir meilleur pour eux et leur pays.