Du « Ya bon Banania » à l’Assemblée Nationale ? Alerté, le CRAN a tenu à vérifier ses sources. Mais oui, dans le couloir qui mène à l’hémicycle, il y a bel et bien une fresque reprenant l’imagerie coloniale et le style de Tintin au Congo.
Propagande coloniale a l’Assemblée Nationale ?
Cette représentation dépeint « l’Histoire de l’Assemblée Nationale » sur plus de 40 mètres, et une partie de l’œuvre représente l’abolition de l’esclavage sur près de 10 mètres. Deux visages noirs apparaissent, yeux écarquillés, lèvres énormes, dans la «grande» tradition de «Ya Bon Banania».
L’œuvre a été peinte en 1991, par Hervé di Rosa, et la lanceuse d’alerte, Mame-Fatou Diang a été interpellée par cette image troublante. Et en effet, que répondre aux nombreux élèves confrontées à l’imaginaire colonial quand ils visitent ce lieu ? Et cela, en grand format, au cœur de l’Assemblée Nationale ? Du coup, Mame-Fatou Diang, a lancé une pétition en ligne, que le CRAN ne peut que soutenir.
On dira que du point de vue de l’artiste, il n’y avait aucune intention raciste. Que d’ailleurs, il recourt souvent à ce genre de figures aux lèvres lippues. Et qu’il est très progressiste, évidemment. N’a-t-il pas lui-même illustré un livre contre le racisme ? Certes, mais du point de vue de la réception, l’effet est calamiteux. Des noirs esclaves libérés, présentés avec les codes ordinairement utilisés par l’imaginaire colonial ne sauraient trouver leur place à l’Assemblée Nationale.
Ghyslain Vedeux, le président du CRAN a déclaré :
« Tous les jours depuis près de trente ans, les députés sont passés et passent encore peut-être devant cette image choquante, et pas un n’a été gêné par cette fresque, qui a été signalée par une adolescente, manifestement troublée, et pour cause. »
Le CRAN rappelle que l’Assemblée Nationale est aussi ce lieu où est célébré Colbert, qui a fondé la Compagnie des Indes et supervisé la rédaction du Code noir. En d’autres termes, en matière de crime contre l’humanité, le ministre de Louis XIV représente la théorie et la pratique. Or il y a à l’Assemblée une salle Colbert et une statue consacrée à cet illustre criminel, qui a voulu imposer l’impensable au Parlement de Paris, lequel a toujours refusé d’intégrer au corpus juridique français un code jugé contraire au droit français, au droit canon et au droit naturel.
Depuis le lancement de la pétition, comme par hasard, cette fresque a été retirée du site de l’Assemblée. C’est un début et un aveu.
Mais il faut aller plus loin. «C’est pourquoi nous demandons que, de Colbert à la fresque Banania, l’Assemblée nationale soit nettoyée de ces figures qui font tâche, a déclaré Louis-Georges Tin. Il convient que ces œuvres soient renvoyées au musée, et remplacées par d’autres, plus appropriées», a ajouté le président d’honneur du CRAN.
Ghyslain Vedeux, le président du CRAN a conclu en déclarant :
«Nous demandons à être reçus par le président de l’Assemblée Nationale Richard FERRAND pour demander des explications, et proposer qu’un grand colloque soit organisé au Palais Bourbon sur l’Assemblée et l’histoire coloniale.»
- Tel : 06 52 11 00 34
- Email : messy@hotmail.fr
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