Par Pascal Archimède. Pascal Archimède nous propose un retour sur la vie de sa grande-tante, Gerty Archimède, une guadeloupéenne qui fit rayonner son île aux quatre coins de la planète.
J’ai le souvenir d’une femme avenante et affectueuse envers ma sœur et moi, qui prenait le temps de partager nos jeux quand nous lui rendions visite avec nos parents. Ce n’est que quelques années après sa mort que j’ai réalisé la chance et le privilège que j’avais eu de côtoyer cette grande dame, femme « pilier » qui, toute sa vie, a oeuvré pour la justice, l’égalité et la paix.
Gerty Marie Bernadette Archimède est née le 26 Avril 1909 dans la commune de Morne à l’Eau en Guadeloupe. Elle est l’aînée d’une famille de cinq enfants. Son père, Justin Archimède, artisan boulanger de profession et maire de Morne à l’Eau de 1912 à 1918, encourage sa fille à faire des études supérieures, à une époque où la majorité de la population locale travaille dans les champs de canne. Après l’obtention de son baccalauréat, Gerty travaille à la Banque de la Guadeloupe pour financer ses études de droit. Elle entame son cursus en Martinique et l’achève à la Sorbonne, à Paris. Titulaire d’une Licence de droit, elle devient en 1939 la première femme avocate inscrite au barreau de la Guadeloupe. Elle mène ensuite une carrière politique active. En 1945, elle est élue conseillère générale. En 1946, deux ans après que les femmes aient eu accès au droit de vote et d’élection (ordonnance du 21 Avril 1944), elle devient la deuxième femme afro-descendante députée après Eugénie Eboué.
En 1948, Gerty rejoint le Parti Communiste Français qu’elle représentera dans de nombreuses conférences à travers le monde. En 1952, elle réintègre le Barreau de la Guadeloupe et se spécialise dans la défense des travailleurs et des gens de condition modeste. En 1953, elle devient adjointe au maire de Basse-Terre et sera élue maire de la commune en 1956. Militante féministe, elle crée en Guadeloupe la Fédération des Femmes Françaises qui deviendra l’Union des Femmes Guadeloupéennes avec pour objectif l’obtention de l’application de la sécurité sociale et du droit à la retraite pour les femmes guadeloupéennes.
En août 1969, elle se distingue en organisant la défense d’Angela Davis et de ses camarades, bloqués en Guadeloupe et menacés de prison pour propagande anticolonialiste.
Elle préside le 7ème congrès du parti communiste guadeloupéen les 17 et 18 Mai 1980 et s’éteindra le 15 août de la même année, dans sa maison à Basse-Terre.
Durant ses mandats politiques, Gerty Archimède a défendu l’égalité des droits entre les Antilles et la « Métropole » en incarnant la lutte contre ces inégalités. L’année 2019 a été déclarée « Année Gerty Archimède » par le conseil régional de la Guadeloupe.