Le projet de création d’une Banque centrale africaine (BCA) par l’Union africaine devrait aboutir d’ici 2045. Explications.
L’Union africaine veut créer une banque centrale africaine d’ici 2045
C’est Mme Naglaa Nozahie, représentante de l’Association des banques centrales africaines (ABCA), qui l’a déclaré lors de la présentation du rapport sur l’état d’avancement de la convergence des critères pour le CBR à l’Union africaine, jeudi 7 mars 2019. La réunion d’information faisait partie des travaux de la troisième session du Comité technique spécialisé de l’Union africaine (UA) sur les finances, les affaires monétaires, la planification et l’intégration économiques, tenue à Yaoundé au Cameroun [1].
Cette réunion, sur le thème: « Politiques publiques pour une transformation productive en Afrique » a été organisée en collaboration avec la Fondation pour le renforcement des capacités en Afrique. Mme Nozahie, qui est également conseiller spécial auprès du gouverneur de la Banque centrale d’Égypte, a déclaré que la BCA avait pour objectif :
« De mettre en place une politique monétaire commune et une monnaie unique africaine comme moyen d’accélérer l’intégration économique sur le continent ». [2]
Des conditions strictes
Elle a déclaré que l’ABCA avait tenu plusieurs réunions de 2002 à 2017 et avait proposé les critères macroéconomiques qui devaient être respectés par chaque État membre avant la création de la Banque centrale africaine. Elle a ajouté que l’inflation devait être inférieure ou égale à 3% d’ici 2038 et que le déficit budgétaire global devait également être inférieur ou égal à 3% d’ici 2033. De même, elle a déclaré que le ratio de financement de la banque centrale au gouvernement devait être nul d’ici 2038 et que chaque pays devait disposer de réserves de change pour couvrir au moins six mois d’importation d’ici 2038.
En outre, le ratio dette publique/PIB doit être inférieur à 65%, tandis que le ratio recettes fiscales totales/PIB doit être supérieur à 20%.
« Le rapport entre les dépenses d’investissement des administrations publiques et les recettes fiscales doit dépasser 30% ».
Vers une banque africaine unique
M. Nozahie a aussi déclaré que les experts, qui ont travaillé sur les critères de convergence, ont également convenu que les pays membres devaient maintenir la stabilité du taux de change nominal à plus ou moins 10%. Elle a ajouté que l’analyse des résultats des pays membres montrait que seuls 18 pays sur 52 remplissaient actuellement tous les critères principaux de convergence macroéconomique.
Notons qu’en janvier 2005, la Conférence de l’Union africaine, qui s’est tenue à Abuja, a présenté les grandes lignes des décisions relatives à la création de certaines institutions financières africaines afin d’améliorer le commerce intra-africain. Une partie des décisions était que la Banque centrale africaine devrait être située au Nigéria, la Banque africaine d’investissement en Libye et le Fonds monétaire africain au Cameroun.
Lorsqu’elle sera pleinement fonctionnelle, la BCA sera la seule émettrice de la monnaie unique africaine et deviendra le banquier des gouvernements africains ainsi que des établissements bancaires privés et publics du continent. De plus, la BCA réglementera et supervisera le secteur bancaire africain et fixera les taux d’intérêt et de change officiels, en collaboration avec l’administration des différents gouvernements africains.
Notes et références
[1] « Union Africaine : une monnaie unique, une banque centrale et un fonds monétaire à l’horizon 2045« , latribune.fr , publié le 8 février 2019
[2] « Ministers of finance economy and integration of the african union member states call on formulation of clear and concise public policies in accelerating the process of productive transformation in africa« , cnbcafrica.com, publié le 8 mars 2019