« Le jeune Noir à l’épée » est le tout dernier projet de l’artiste Abd Al Malik. Connu pour son regard sans filtre sur la société et son traitement par le slam des questions contemporaines, il sera en représentation au Musée d’Orsay les 4,5,6 et 7 avril prochains. Plus qu’un spectacle, l’oeuvre du chanteur est un autre volet du récit d’un jeune homme en constante réflexion identitaire.
Les amateurs de rap français connaissent Abd Al Malik le rappeur, ex-membre du groupe N.A.P et mari de la chanteuse de Rnb Wallen. Dans les années 2000, il effectuait son retour artistique en slameur, élargissant ainsi son public. Epris de culture et particulièrement de littérature, c’est à travers des textes brillants et complexes qu’il s’exprime sur un mal être de société. Un mec de banlieue, un noir, un musulman; un citoyen produit d’une double-culture qui questionne une société recouvrant les « minorités » sous le voile de la « diversité » et prônant l’assimilation comme pour insinuer une impossible intégration au sein de la République. Comme des millions de compatriotes, il est Français et pourtant, il sait qu’il doit le prouver et montrer que son histoire remonte à plusieurs siècles. Eduquer pour faire exister. Abd Al Malik prend l’épée non pas pour faire la guerre mais pour ouvrir la voie, celle de la connaissance; ouvrir un épineux débat, celui de l’identité et démontrer que, les postures ne sont rien devant les faits.
L’histoire comme bataille
Du 26 mars au 21 juillet, le Musée d’Orsay propose une programmation spéciale. C’est dans le cadre de « 30 événements, 100 artistes autour du modèle noir » que se tiendra l’exposition « Le modèle noir de Géricault à Matisse » dans lequel se glisse le spectacle de l’essayiste. Un thème par ailleurs abordé avec simplicité et esthétisme dans l’ouvrage « Noir entre peinture et histoire » des professeurs Naïl Ver-Ndoye et Grégory fauconnier. « Le jeune Noir à l’épée » est un tableau de Pierre Puvis de Chavannes (1824-1898), qui l’a particulièrement touché dans sa jeunesse tourmentée. Il s’est approprié cette image et l’adapte à sa quête de compréhension de cette époque pleine de chamboulements. Le spectacle, qui aura lieu dans l’auditorium du musée les 4,5,6 et 7 avril prochains, est chorégraphié par le burkinabé Salia Sanou et co-produit par Décibels et le théâtre de la ville. En effet, Abd Al Malik, que la rébellion mena loin des classes préparatoires littéraires, a repris sa revanche et étreint les Arts avec plus de ferveur.
L’an dernier, il avait investi ce prestigieux théâtre, à quelques pas du Plais de l’Elysée, pour une résidence de plusieurs mois. De cette collaboration est né ce projet. « Le jeune Noir à l’épée » comprend également un livre-disque co-édité par Présence Africaine, le musée d’Orsay et Flammarion . 9 titres que l’artiste décrit comme « un voyage initiatique », pour lequel il s’est inspiré de la pensée du martiniquais Edouard Glissant. Abd Al Malik s’est toujours mis a nu face à son public. Partager ses interrogations, ses tribulations pour amorcer l’échange et abolir l’entre-soi. Quelle meilleure arme que la culture pour mener une révolution silencieuse mais nécessaire à tous ? De tous les supports auxquels il s’est essayé, la scène et la plume demeurent, indubitablement ceux qui portent le mieux son message.
Abdal Malik raconte un nouveau chapitre de son parcours d’affirmation identitaire.
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