Connaissez-vous Thomas-Alexandre Dumas Davy de la Pailleterie, premier afro à devenir général en chef d’une armée française et père d’une dynastie d’éminents écrivains et dramaturges ?
Le premier général d’origine africaine de l’armée française
Thomas-Alexandre Dumas Davy de la Pailleterie était un général de la France révolutionnaire. Après Abram Petrovich Gannibal de la Russie impériale, il fut l’un des afro-descendants les plus gradés d’une armée européenne [1]. En effet, il devint le premier afro à:
- Devenir brigadier de brigade.
- Nommé général de division.
- Devenir général en chef d’une armée française [2].
Dumas et Toussaint Louverture (nommé général en chef en 1797 ) étaient les deux plus hauts officiers originaire d’Afrique subsaharienne d’Occident jusqu’en 1975. A cette date, « Chappie » James obtint le rang équivalent de général quatre étoiles dans l’armée de l’air américaine [3].
Les origines de Thomas-Alexandre Dumas
Né le 25 mars 1762 à Saint-Domingue, Thomas-Alexandre était le fils du marquis Alexandre Antoine Davy de la Pailleterie, noble français et de Marie-Cessette Dumas, femme esclave d’origine africaine. Il est né en esclavage à cause du statut de sa mère, mais aussi dans la noblesse en raison de celui de son père. En 1776, son père l’emmena avec lui en France et l’envoya à l’école. En effet, l’esclavage était illégal en France métropolitaine depuis 1315. Ainsi, tout esclave serait libéré de facto en arrivant dans le pays [4]. Son père aida Thomas-Alexandre à entrer dans l’armée française.
Dumas et la Révolution Française
Dumas a joué un rôle central dans les guerres de la Révolution française. Entré dans l’armée en tant que soldat à 24 ans, il se leva à 31 ans pour commander 53 000 hommes au poste de général en chef de l’armée française des Alpes. En effet, la victoire stratégique de Dumas en ouvrant les cols des hautes Alpes a permis aux Français de lancer leur deuxième campagne d’Italie contre l’empire autrichien. Au cours des batailles en Italie, les troupes autrichiennes surnommèrent Dumas le Schwarzer Teufel (« Diable noir » en allemand) [5]. Aussi, les Français (notamment Napoléon) le surnommèrent « le Horatius Cocles du Tyrol » [6] (d’après un héros qui sauva la Rome antique [7]), pour avoir vaincu à lui seul un escadron de troupes ennemies sur un pont enjambant la rivière Eisack en Clausen (aujourd’hui Klausen ou Chiusa, Italie).
Dumas a exercé les fonctions de commandant des forces de cavalerie françaises lors de l’Expédition d’Égypte, tentative française infructueuse de conquérir l’Égypte et le Levant. D’Alexandrie au Caire, il s’est affronté verbalement avec le commandant suprême de l’expédition, Napoléon Bonaparte, sous lequel il avait servi dans les campagnes italiennes. En mars 1799, Dumas quitte l’Egypte à bord d’un navire peu fiable. Ce dernier s’échoua dans le royaume de Naples, dans le sud de l’Italie. Là, Dumas fut fait prisonnier et jeté dans un cachot. Il y languit jusqu’au printemps 1801.
La descendance Dumas
De retour en France après sa libération, son épouse et lui ont eu un fils, Alexandre Dumas. Il devint l’un des auteurs les plus lus en France de tous les temps. Les personnages les plus célèbres d’Alexandre Dumas ont été inspirés par la vie de son père [8]. De plus, le petit-fils du général, Alexandre Dumas, fils, deviendrait l’un des dramaturges français les plus célèbres de la seconde moitié du XIXe siècle. Un autre petit-fils, Henry Bauër, qui n’a jamais été reconnu par le romancier Dumas, était un critique de théâtre éminent de gauche dans la même période [9]. L’arrière-petit-fils du général, Gérard Bauër, fils d’Henry Bauër, était également un écrivain accompli au XXe siècle. Enfin, un arrière-arrière-petit-fils, Alexandre Lippmann (petit-fils du dramaturge Dumas fils), a été deux fois médaillé d’or en escrime aux Jeux olympiques de 1908 et de 1924 (il a remporté la médaille d’argent en 1920).
Notes et références
[1]