L’Union Africaine a appelé à la suspension de la proclamation des résultats de l’élection présidentielle en République démocratique du Congo. Selon l’UA, il existerait des « doutes sérieux » quant à leur véracité.
L’Union Africaine a de « sérieux doutes » sur les résultats du vote en RDC
Felix Tshisekedi a été annoncé victorieux aux élections présidentielles en République démocratique du Congo (RDC), le 10 janvier 2019 [1]. Le leader de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social a vaincu un autre chef de l’opposition, Martin Fayulu (ainsi qu’Emmanuel Ramazani Shadary). Fayulu était soutenu par le président sortant Joseph Kabila, resté à la tête du pays 18 ans durant. Député national de la RDC et finaliste malchanceux, Martin Fayulu a prétendu que les élections étaient truquées et s’est empressé de contester leurs résultats. Il a déposé un recours à la Cour constitutionnelle du Congo le 12 janvier 2019. Selon lui :
« On ne peut pas se mettre dans une officine quelconque et commencer à fabriquer des chiffres pour que demain monsieur Kabila récupère les pouvoirs. C’est inadmissible. Je ne laisserai pas. On m’appelle le soldat du peuple, gardien du temple, et je n’abandonnerai pas ce peuple. Nous allons jusqu’au bout pour recouvrer sa victoire. » [2]
Trois jours plus tard, plusieurs médias ont évoqué des fuites de résultats compilés par la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI) et par la Conférence Épiscopale Nationale du Congo (CENCO). Ces derniers prouveraient la victoire véritable de Fayulu [3].
L’Union africaine à la rescousse
Jeudi 17 janvier 2019, c’est au tour de l’Union Africaine d’émettre des « doutes sérieux sur la conformité des résultats provisoires, tels qu’ils ont été proclamés par la Commission électorale nationale indépendante« , par voie de communiqué. En effet, les chefs d’État ou de gouvernements africains, réunis à Addis-Abeba ont demandé la « suspension de la proclamation des résultats définitifs des élections » en RDC [4].
L’union continentale composée de 55 pays du continent africain a aussi :
« convenu d’envoyer d’urgence en RD Congo » une délégation de haut niveau comprenant le président de l’Union africaine [actuellement le président rwandais Paul Kagame, NDLR] ainsi que d’autres chefs d’État et de gouvernement, et le président de la Commission de l’Union africaine. » [4]
Une délégation qui devra entrer en contact « avec toutes les parties prenantes congolaises, dans le but de trouver un consensus sur une issue à la crise post-électorale dans le pays » [4].
Du coté du gouvernement congolais, c’est un autre son de cloche. Et pour cause, Lambert Mende, porte-parole du gouvernement RD Congolais a réagi aux communiqué de l’UA.
« La Cour est indépendante, et de nous et de l’Union africaine. Je ne pense pas qu’il appartienne au gouvernement ou même à l’Union africaine de dire à la Cour ce qu’elle doit faire. Je ne sais pas s’il y a des pays où on peut interférer comme ça dans une procédure légale. » [5]
Notons qu’il est rare, pour ne pas dire inédit, que l’Union africaine se mêle de la politique intérieure de l’un de ses pays membres. C’est habituellement l’Union Européenne qui verse dans l’ingérence, faisant fi de la souveraineté des pays africains.
Notes et références
[1] « Félix Tshisekedi élu président de la République Démocratique du Congo, une première pour un opposant« , huffingtonpost.fr, publié le 10 janvier 2019
[2] « Présidentielle en RDC: Fayulu a déposé son recours à la Cour constitutionnelle« , rfi.fr, publié le 12 janvier 2019
[3] « Elections en RDC: où se trouve la vérité des urnes?« , rfi.fr, publié le 15 janvier 2019
[4] « L’Union africaine demande « la suspension de la proclamation des résultats définitifs » en RD Congo« , france24.com, publié le 18 janvier 2019
[5] « Le gouvernement congolais répond à l’UA: « Elle n’a pas à dicter sa conduite à la Cour constitutionnelle »« , lalibre.be, publié le 18 janvier 2019