Né le 21 juin 1922 à Toma, dans l’actuel Burkina Faso, Joseph Ki-Zerbo est certainement l’un des plus grands penseurs que l’Afrique ait connu.
Joseph Ki-Zerbo (1922-2006) est un de ceux qui ont œuvré pour éveiller les consciences africaines. Cet historien, savant et politicien engagé, a contribué pour une grande part à élever le niveau de compréhension des populations pour une indépendance réelle de l’Afrique. En ce sens, sa vision « On ne développe pas, on se développe » est la synthèse de la pensée profonde et subtile d’un homme ayant compris les rouages d’un monde inégalitaire. A ce titre, son ouvrage phare, « A quand l’Afrique ? » considère l’Afrique comme le « Berceau de l’Espoir de l’Humanité ».
« On appelle nos pays des pays francophones, anglophones ou lusophones malgré le fait que 70 ou 80% des populations ne parlent pas ces langues. 80% de la population sénégalaise parle le wolof. Pourtant on ne dit pas que le Sénégal est wolofone mais francophone. a mon avis, c’est un abus de langage. »
« A tous les niveaux, l’Africain était avant tout un être social. Toutes les étapes de la vie était marqué par des réunions. C’est pour cela qu’on a parlé du débat permanent africain qui était instauré sous les arbres – la palabre – où chacun avait non seulement la liberté d’expression mais l’obligation de s’exprimer. »
« Aujourd’hui les dirigeants occidentaux invitent l’Afrique à faire comme eux. Mais si le monde entier faisait comme les Américains, l’écosystème planétaire craquerait par surconsommation d’énergie. Proposer un tel modèle, c’est de la supercherie, c’est un discours mensonger. »
« Tout petits, nous devions utiliser un manuel d’histoire français qui débute par : « Nos ancêtres, les gaulois. » Au début de notre formation, il y a donc eu déformation. Nous avons répété machinalement ce qu’on voulait nous inculquer. »
« Chaque génération doit se fixer ses enjeux. J’estime personnellement que l’enjeu de l’intégration africaine vaut la peine de se battre. Au lieu de laisser les chefs d’États accaparer cet enjeu de l’unité africaine que de toute façon ils ne veulent pas réaliser : chacun veut être le roi chez lui, le sultan, le roitelet. Peu importe l’unité africaine, pourvu qu’il soit le maître d’un territoire ! L’intégration africaine ne se réduit pas à un simple enjeu économique. En réalité, c’est beaucoup plus large. Les pays africains doivent se reconstituer en tant qu’entité, en tant qu’identité, en tant que personnalité. »