Goodwill Zwelithini, le roi Zoulou, a exprimé son opposition à la réforme agraire visant à exproprier les fermiers blancs.
Un héritage ségrégationniste
Les heures les plus sombres du passé de l’Afrique du Sud planent toujours depuis la fin de l’apartheid. Notamment en ce qui concerne les campagnes où les inégalités se résument en un chiffre: 73% des terres arables du pays sont toujours détenues par des Blancs. Ces derniers ne comptent pourtant que 8% des 56 millions d’habitants. Face à ce constat et aux inégalités économiques, la colère gronde au sein de la majorité noire. Des dizaines de fermiers blancs sont tués chaque année, souvent par d’anciens ouvriers agricoles.
Le changement de la Constitution
Jusqu’à présent, le gouvernement avait poursuivi une politique de transfert des terres par consensus entre l’acheteur et le vendeur. Mais avec l’arrivée du président Cyril Ramaphosa en février 2018, les législateurs ont voté en faveur de la création d’une commission chargée de réécrire la Constitution pour permettre les transferts forcés, sans compensation.
«Il est devenu évident que notre peuple veut que la Constitution soit plus explicite à propos de l’expropriation des terres sans dédommagement», a affirmé le président Cyril Ramaphosa dans une allocution télévisée le 31 juillet.
Une mesure qui rappelle la campagne d’expropriation menée contre les fermiers blancs au Zimbabwe dans les années 1990 sous Robert Mugabe.
Le roi des Zoulou s’oppose à l’expropriation
Soutien inattendu pour les fermiers blancs sud-africains : le roi Zoulou Goodwill Zwelithini. Il a critiqué le projet de réforme agraire portée par le président sud-africain Cyril Ramaphosa qui prévoit la saisie des terres arables appartenant aux fermiers blancs au profit des fermiers noirs. Dans ce sillage, il a proposé à l’AfriForum, une ONG qui défend les Afrikaners (les descendants des colons européens), une offre de dialogue inédite dans l’histoire du pays.
«La nation Zouloue dont je parle n’existera plus si nous n’avons plus de nourriture. C’est la raison pour laquelle, je dis que les agriculteurs [blancs] doivent venir vers nous afin de discuter sur ce que nous pouvons faire dans le domaine de l’agriculture […]. C’est la raison pour laquelle je demande à AfriForum de venir nous aider»», a-t-il déclaré le 7 octobre dernier.
Le leader Zoulou a en outre annoncé qu’il souhaitait rencontrer Cyril Ramaphosa pour préserver les intérêts de son ethnie. Propriétaire de près de 3 millions d’hectares de terres, il redoute que la réforme agraire soit étendue aux terres tribales. En septembre dernier, un haut responsable de l’ANC, le parti au pouvoir, avait évoqué cette possibilité.
Malgré les assurances du chef de l’Etat africain, Goodwill Zwelithini n’en démord pas. «[Le président sud-africain] doit venir ici et le dire, l’écrire dans un accord et signer le fait que le pays des Zoulous ne sera pas touché », a-t-il lancé. Les Zoulous constituent la plus grande ethnie d’Afrique du Sud, avec environ 12 millions de personnes. Si leurs chefs traditionnels ne possèdent officiellement aucun pouvoir de décision, ils demeurent particulièrement écoutés par la population.
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