A cause du braconnage, de plus en plus d’éléphants naissent sans défenses

En raison du braconnage, de plus en plus d’éléphants naissent sans défenses en Afrique.

Chez les éléphants d’Afrique et à l’inverse de ceux d’Asie, les femelles portent des défenses tout comme les mâles. Mais l’absence de défenses chez certains est une spécificité génétique extrêmement rare qui semble pourtant se développer de plus en plus parmi les populations de pachydermes, notamment au Mozambique.

Au Mozambique, des éléphants sans défenses

Dans ce pays situé sur la côte sud-est de l’Afrique, se trouve le parc national de Gorongosa, qui abrite quelques centaines d’éléphants, dont plusieurs femelles dépourvues de défenses. Une rareté qui s’accroît dans ce parc d’une superficie de 4 000 km2. S’ils ne peuvent l’affirmer avec certitude, les spécialistes attribuent tout de même le développement de cette anomalie au braconnage. Dans le parc national « un tiers des femelles n’ont jamais eu de défenses ». Ces conclusions résultent de l’observation des éléphants de la région sur plusieurs décennies, comme le rapporte le site National Geographic. Ainsi, on apprend que la plupart des pachydermes peuplant le parc n’ont pas de défenses et cette caractéristique leur a paradoxalement permis de survivre à la guerre civile, qui a déchiré le pays durant 15 ans.

Cette matriarche dépourvue de défenses traverse avec sa harde la plaine inondable du parc national de Gorongosa.
Crédit photo: de Jen Guyton @National Géographic

Les éléphants se sont adaptés au braconnage

Le conflit était en effet financé en partie par le commerce d’ivoire, auquel se livraient les braconniers. Ces derniers ont décimé « environ 90% » de la population locale de cette espèce menacée. Or, les observateurs se sont aperçus que « ne pas avoir de défenses (s’était) avéré être un avantage biologique » pour les éléphants de Gorongosa.

Un tiers des jeunes femelles nées dans la région après le conflit « n’ont jamais eu de défenses ». Et ces dernières sont les descendantes directes des bêtes ayant survécu à la guerre. Un cas suffisamment rare pour être souligné dans la mesure où cette exception génétique « ne touche que 2 à 4 % des éléphants femelles d’Afrique ».

Avant que ne démarre ce conflit meurtrier, 4 000 éléphants peuplaient les terres aujourd’hui couvertes par le parc Gorongosa. Un chiffre avancé par Joyce Poole qui étudie le comportement de ces animaux pour le compte du National Geographic. Dans l’une de ses études à paraître prochainement, cette dernière révèle que « sur les 200 femelles adultes connues du parc, 51 % de celles qui ont survécu à la guerre, âgées de 25 ans minimum, sont dépourvues de défenses, tout comme 32 % des femelles nées après la guerre ». Il apparaît alors évident que les pachydermes, présentant cette singularité génétique, ont mieux survécu au conflit et à la traque des braconniers que les autres.

Quelles sont les conséquences pour ces animaux ?

Les spécialistes ont remarqué qu’un éléphant sans défenses n’adopte plus les mêmes comportements. En conséquence, c’est tout un écosystème qui s’en trouve menacé. D’après Joyce Poole, les éléphants sans défenses s’adaptent, survivent dans leur environnement et « semblent être en bonne santé ». Toutefois, pour constater les véritables conséquences d’un tel changement, il faut peut-être regarder ailleurs. Pour beaucoup de spécialistes, « une importante proportion d’éléphants présentant ce handicap pourrait altérer la façon dont les individus et les hardes se comportent ».

Comme le rappelle le National Geographic, les défenses, qui ne sont en apparence que de grandes incisives ayant trop poussé, servent pourtant bel et bien aux pachydermes qui les utilisent d’abord pour « creuser des trous afin de trouver de l’eau ou des minéraux qui leur sont essentiels ». Ils s’en servent également pour « ôter l’écorce des arbres pour satisfaire leurs besoins en fibres ». D’autre part, « les mâles en ont également besoin pour s’affronter en période de reproduction ».

Par ailleurs, « les éléphants sont importants pour diverses espèces inférieures qui dépendent d’eux pour faire tomber des arbres et creuser des trous », explique Ryan Long, professeur à l’Université de l’Idaho. Ainsi, les défenses des pachydermes représentent une nécessité vitale pour certains animaux, comme les reptiles par exemple, dont certains utilisent les trous creusés en guise d’habitat.

En somme, un éléphant sans défenses n’adopte plus les mêmes comportements et c’est tout un écosystème qui s’en trouve menacé. Les conséquences pourraient être, à terme, bien plus vastes d’autant que le phénomène est observable dans d’autres régions africaines, comme au Kenya, en Tanzanie ou encore en Afrique du Sud. Là encore, des zones fortement marquées par le braconnage intensif.

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Sources :

National Geographic

Demotivateur

 

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