Le cas de deux sosies et homonymes afro-américains, William West et Will West, entrés dans la même prison à deux ans d’intervalle fut utilisé pour justifier l’utilisation d’empreintes digitales comme moyen de distinguer les délinquants sosies, dans le système carcéral américain.
Par Sandro CAPO CHICHI / nofi.media
Avoir un casier judiciaire peut évidemment alourdir la peine du coupable d’un délit ou d’un crime. Avant le début du 20ème siècle, les personnes arrêtées par la police en France et aux Etats-Unis étaient identifiées grâce à la mesure anthropométrique ou ‘Bertillonnage’, du nom de son inventeur, le Français Alphonse Bertillon, le chef du service photographique de la police de Paris. Cette méthode consistait à mesurer plusieurs zones du corps de chaque personne interpellée. En se basant sur ces mensurations, Bertillon avait conclu qu’il était pratiquement impossible que deux personnes les partagent, a fortiori s’ils se ressemblaient comme deux gouttes d’eau.
En 1903, fut admis dans un pénitencier de l’état américain du Kansas, un homme appelé Will West, auteur d’un crime mineur. Le gardien des lieux à l’époque crut immédiatement reconnaître William West, à qui il avait déjà eu affaire dans ce pénitencier. Il découvrit toutefois à sa stupeur que ce dernier était déjà incarcéré dans le pénitencier. Il ne pouvait donc s’agir de la personne fraîchement arrêtée qui se trouvait devant lui. Malgré leurs noms et leurs apparences identiques, il s’agissait de deux personnes différentes, bien qu’homonymes, sosies et aux mensurations anthropométriques similaires. Ils affirmèrent aussi ne pas être apparentés, bien que des chercheurs plus récents comme Joe Nickell (1999), dans Crime Science: Methods of Forensic Detection aient affirmé qu’il s’agisse de jumeaux ayant menti sur leur parenté.
Plusieurs années plus tard, ce cas extraordinaire fut utilisé par le FBI pour justifier son utilisation d’une autre méthode que l’anthropométrie et la photographie pour identifier formellement les délinquants et criminels. Il s’agissait du relevé des empreintes digitales dont on sait aujourd’hui qu’elles ne peuvent être partagées par deux individus, aussi apparentés qu’ils soient. Deux ans après l’incident en 1905, l’armée américaine adopta le système de relevé d’empreintes digitales, suivi par l’US Navy en 1907 et les Marine Corps en 1908. Un livre datant de 1918, Personal Identification de Wilder & Wenthworth rapporte que l’affaire des Will West fut immédiatement à l’origine de l’abandon du système de Bertillon en faveur du relevé d’empreintes digitales. Cette opinion est aujourd’hui toutefois discutée par les spécialistes. Les deux méthodes ont cohabité aux Etats-Unis pendant quelques années et en France, la patrie de Bertillon jusqu’en 1970. Dans les deux cas, le relevé des empreintes digitales, qui à lui seul pouvait permettre de différentier des jumeaux et autres sosies parfaits, triompha pour être exclusivement utilisé.
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