Le Parlement tunisien adopte (enfin) une loi anti-raciste

Le Parlement tunisien a adopté une loi criminalisant le discours raciste, l’incitation à la haine et la discrimination, lors d’un vote salué comme une première historique dans un pays où vit une importante minorité noire.

Le Parlement tunisien adopte (enfin) une loi anti-raciste

Le projet de loi a été approuvé mardi soir à l’issue d’un long débat au cours duquel 125 députés ont voté pour, 1 contre et 5 se sont abstenus. Selon Messaoud Romdhani, responsable du Forum tunisien des droits économiques et sociaux :

« Il s’agit d’un tournant très important dans l’histoire de la Tunisie, équivalent à l’abolition de l’esclavage. »

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Messaoud Romdhani, responsable du Forum tunisien des droits économiques et sociaux.

L’esclavage a été aboli Aboli le 23 janvier 1846 par Ahmed Ier Bey, puis en 1890 par la France après l’instauration du protectorat français de Tunisie, il a néanmoins persisté jusqu’au début du 20ème siècle. Au cours de la seconde moitié du 19ème siècle, la plupart des anciens esclaves, constituent un sous-prolétariat urbain. En effet, à la suite de l’abolition un processus de paupérisation et de marginalisation sociale devient perceptible à grande échelle car l’affranchissement avait assuré l’émancipation juridique mais non sociale de l’ancien esclave.

Pour M. Romdhani :

« C’est un pas de géant, mais il reste encore beaucoup de travail à faire pour que cette loi devienne une réalité dans une société où le racisme existe contre 10% des Tunisiens et des Africains subsahariens noirs qui souffrent d’insultes et d’agressions parfois violentes. Il s’agit de punir mais aussi de faire preuve de respect, notamment par le biais de l’éducation. »

En vertu de la nouvelle législation, les délinquants pourront être condamnés à 1 mois de prison et à une amende de 1 000 dinars (300 €) pour avoir utilisé un langage raciste. L’incitation à la haine, les menaces racistes, la propagation et la défense du racisme et l’appartenance à une organisation défendant la discrimination sont punissables d’1 à 3 ans d’emprisonnement et d’une amende pouvant aller jusqu’à 3 000 dinars (environ 900 €). Pour le responsable de l’Association tunisienne pour le soutien aux minorités : « C’est un moment historique pour la Tunisie« , ajoutant que le pays poursuivrait « la lutte pour assurer la bonne application de la loi« .

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Scène de maltraitance d’un réfugié africain aux mains d’une milice libyenne.

Les organisations non gouvernementales en Tunisie signalent souvent des attaques contre des personnes en raison de la couleur de leur peau. Rappelons-nous par exemple qu’en août 2018, une Ivoirienne avait été violemment passé à tabac après avoir répondu à des insultes. Puisse cette loi faire évoluer les mentalité tunisienne (maghrébine en général) tant la négrophobie la plus crasse gangrène cette partie du continent africain.

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https://www.nofi.media/2017/04/lybie-africains-vendus-aux-encheres-marches-aux-esclaves-modernes/37877

Notes et références

[1] « Loi pénalisant le racisme en Tunisie : une première victoire pour la minorité noire« , lemonde.fr, publié le 11 octobre 2018.

[2] « Tunisia parliament adopts anti-racism law« , punchng.com, publié le 10 octobre 2018.

Mathieu N'DIAYE
Mathieu N'DIAYE
Mathieu N’Diaye, aussi connu sous le pseudonyme de Makandal, est un écrivain et journaliste spécialisé dans l’anthropologie et l’héritage africain. Il a publié "Histoire et Culture Noire : les premières miscellanées panafricaines", une anthologie des trésors culturels africains. N’Diaye travaille à promouvoir la culture noire à travers ses contributions à Nofi et Negus Journal.

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