Selon le Conseil Constitutionnel, Paul Biya âgé de 85 ans a reçu plus de 71% des suffrages du scrutin du 7 octobre 2018. Il est donc pour la septième fois le président de la République du Cameroun.
Paul Biya élu pour la 7ème fois
Le président camerounais Paul Biya, le plus vieux dirigeant d’Afrique subsaharienne, a (comme l’on s’y attendait) remporté son septième mandat présidentiel, selon le Conseil constitutionnel. Biya, 85 ans et en fonction depuis le 6 novembre 1982, a réuni près de 71,28% des suffrages du scrutin. Il est loin devant les 14,2% du candidat de l’opposition Maurice Kamto. Biya aurait été le vainqueur dans 9 régions du pays [1].
D’après Clément Atangana, président du Conseil constitutionnel, dans sa déclaration du lundi 22 octobre 2018:
« Les élections ont été libres, régulières et crédibles en dépit des problèmes de sécurité dans les régions anglophones » [2]
Des troupes importantes ont été déployées lundi dans les grandes villes. En effet, le gouvernement a interdit tous les rassemblements de l’opposition. Des témoins ont déclaré à l’Agence de Presse (AFP), qu’ils avaient entendu des coups de feu lundi à Buea, la capitale de la région anglophone du Sud-Ouest [3].
Vives réactions dans les rangs de l’opposition
La principale figure de l’opposition au régime de Paul Biya, Maurice Kamto, conteste ces résultats. Rappelons que l’ancien ministre délégué auprès du ministre de la Justice camerounaise, avait revendiqué la victoire dès le lendemain de l’élection Présidentielle. Dénonçant des fraudes, il avait déposé un recours devant le Conseil constitutionnel. Mais les 11 membres de l’instance (nommés par un décret du président Paul Biya, signé le 7 février 2018) avait rejeté sa requête.
Interrogé par Marcel Amoko pour France 24, le leader du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) déclarait :
« Je ne peux pas reconnaître les résultats qui proclament vainqueur celui qui n’a pas été élu. Je crois qu’il faut que ce soit clair ! Personne ne peut attendre de moi une autre réponse que celle-ci. » [4]
Le taux de participation aux élections du 7 octobre a été très faible dans les régions anglophones. En effet, plus de 200 000 personnes ont fui les combats opposant séparatistes anglophones et forces de sécurité. Pourtant, Biya a reçu plus de 75% des voix dans les deux régions…
La longévité de Paul Biya
Dimanche 21 octobre, une marche de l’opposition à Douala pour protester contre la « fraude » électorale a été interdite et une trentaine de personnes ont été arrêtées, a rapporté l’AFP. Selon Cabral Libii, homme politique, juriste, activiste et journaliste :
« Des personnes qui sont là depuis 36 ans décident de continuer à détruire un pays, décident de mépriser ce que le peuple dit. Le peuple camerounais, debout, vous apportera, dans les jours, les semaines, les mois qui viennent la démonstration de ce que sa détermination pour un changement est aujourd’hui inarrétable. » [5]
Alors qu’il fait déjà parti du club des chefs d’État à la longévité la plus importante, la victoire inéluctable prolonge les 36 ans de règne du sieur Biya. Ce mandat supplémentaire pourrait lui permettre de rester au pouvoir, au moins jusqu’à l’âge de 92 ans. Si encore il était en mesure de résoudre la crise économique, l’afflux de réfugiés centrafricains ainsi que insurrection de la minorité anglophone qui frappe le Cameroun, mais ce natif de Mvodeka’a semble plus être adepte de la « gouvernance par l’absence » [6] …
Notes et références
[1] « Cameroun: Paul Biya réélu à la présidence avec 71,28 %« , rfi.fr, publié le 22 octobre 2018.
[2] « Paul Biya réélu à la présidence du Cameroun« , lefigaro.fr, publié le 22 octobre 2018.
[3] « Proclamation des résultats de la présidentielle, coups de feu à Buea« , camer.be, publié le 22 octobre 2018.
[4] « Exclusif : Maurice Kamto refuse de reconnaître la victoire de Paul Biya« , france24.com, publié le 22 octobre 2018.
[5] « Cameroun: Paul Biya réélu à la présidence avec 71,28 %« , rfi.fr, publié le 22 octobre 2018.
[6] « Cameroun : Paul Biya, le président aux 35 années de «gouvernance par l’absence»« , lefigaro.fr, publier le 5 octobre 2018.