Le Mipcom, marché international de l’audiovisuel, est l’événement corporate de l’année. Chaque édition, à Cannes, dans le sud de la France, apporte son lot de rencontres et de pépites. Parmi elles, cette année, nous avons découvert IronFlix, plateforme de streaming canadienne créée par le nigérian Lonzo Nzekwe. Un produit nécessaire et qualitatif qui s’inscrit dans l’ère du temps des entreprises cinématographiques afro-diasporiques.
IronFlix, la plateforme anglophone des contenus africains
Les publics africain et leurs diasporas sont de plus en plus en demande de contenus qui leur ressemble. Des émissions aux dessins-animés en passant par les séries et téléfilms; nous voulons nous voir et surtout nous raconter à l’écran. Après le succès retentissant de Nollywood, des promoteurs et hommes d’affaires africains se lancent depuis quelques années sur ce marché florissant. C’est le cas du producteur nigérian Lonzo Nzekwe, qui propose non pas une chaîne de télévision mais la plateforme de streaming IronFlix, sur laquelle sont disponibles en continu et à volonté des films, émissions et documentaires africains de haute qualité, pour la somme modique de 49,99 dollars (soit 43,58 euros) par an. La plateforme met aussi à disposition un axe conseil, à destination des cinéastes. Elle les accompagne dans les aspects marketing et communication ainsi que dans la commercialisation de leur travail dans des espaces ciblés et à l’international. Vous pouvez dès à présent souscrire à votre essai gratuit, valable durant une semaine.
Les diasporas sur le devant de la scène
Lonzo Nzekwe incarne cette génération de producteurs enracinés en Afrique mais dont les opportunités d’émigrer en Occident ont acéré l’ouverture d’esprit. Ayant accès aux formations les plus prestigieuses; la possibilité de se constituer un réseau et de maîtriser l’économie d’un film; elle représente le fer de lance de l’auto-narration pour l’auto-représentation. En d’autres termes, le faire par soi-même, et selon son point de vue, ce que l’on aimerait voir soi-même.
Parmi les divers longs-métrages disponibles sur IronFlix, on peut par exemple visionner en ce moment « Anchor Baby ». Dans ce film, on découvre un jeune couple d’immigrés nigérians aux Etats-Unis qui attend son premier enfant. Les amoureux doivent faire face à la clandestinité, ce qui implique l’accès quasi impossible à des soins ou au logement. Aussi, ils sont confrontés aux services de l’immigration, féroces dans leur traque contre les sans-papiers. C’est finalement seule que la mère devra faire face, jusqu’au retour de son mari des années plus tard… Une problématique actuelle à laquelle les diasporas africaines sont régulièrement confrontées. Elle donne à cette la fiction un caractère informatif, politique et introspectif.
Evolution des standards
Des comédies ivoiriennes aux intrigues de Lagos, nous avons adoré voir notre culture, nos expressions et nos traits de caractère projetés sur VHS et DVD. Néanmoins, ces productions à petits budgets n’atteignaient souvent que les foyers africains. Par ailleurs, ils ne couvraient pas la multitude de sujets et de représentations qui existent dans nos communautés. Car, Nollywood qui a rencontré une exposition exceptionnelle, ne représente ni le Nigeria ni l’Afrique dans son ensemble. Conscients de cette réalité, les artisans de l’audiovisuel sur place et à l’international proposent désormais des histoires qui s’adressent à un large public. Sur le modèle des comédies américaines, toutes les générations sont concernées. Ce tournant se lit également dans les fictions proposées. Ainsi, la qualité de l’image et des accessoires se développent autour de sujets d’actualité dans lesquels se retrouvent citoyens africains et diaspora.
Enfin, ces entreprises ont le désir de réaliser des projets en accord avec les standards du marché. Ceci, afin de rendre leur produit exportable et accessibles au-delà du continent. On assiste donc à l’essor d’industries audiovisuelles en Côte d’Ivoire, au Sénégal, au Burkina Faso-qui accueille le FESPACO- en Afrique australe, mais aussi dans les Caraïbes. Pour preuve, la présence de plus en plus accrue de ces professionnels du cinéma afro caribéens dans des événements corporate incontournables. Comme le Mipcom, qui récompensait d’ailleurs, lors de son édition 2018, l’actrice polyvalente Issa Rae, révélée par la série Insecure. Bref, la formule fonctionne et l’afro jadis tabou a désormais le vent en poupe. Comme beaucoup d’autres, Iron Flix l’a bien compris !