Un récent test ADN a montré que Muhammad Ali était l’arrière arrière arrière petit-fils d’Archer Alexander, un Noir Américain ayant fui sa condition d’esclave et ayant joué un rôle déterminant dans la Guerre de Sécession.
Par Sandro CAPO CHICHI / nofi.media
Dans la recherche des ascendants des populations afro-descendantes des Amériques, on peut imaginer la recherche d’ancêtres nés aux Amériques par le biais des registres de naissance, voire de traditions orales et celle d’ascendants africains par le biais de l’ADN. Ce dernier cas de figure s’applique à un certain nombre de célébrités noires américaines qui ont pu tracer une partie de leurs origines dans certaines régions du continent, comme Spike Lee ou Condoleeza Rice, en partie originaires du Cameroun.
Contrairement à ce que l’on pourrait toutefois penser, l’identification d’ancêtres africains s’est parfois fait par la tradition orale, comme le montre l’exemple de Muhammad Ali. La tradition familiale de ce dernier rapporte que son arrière grand-mère Sallie était née à Madagascar. Un autre éclairage sur l’ascendance d’Ali a été révélé en 2018, après qu’un de ses cousins au troisième degré, Keith Winstead ait effectué des recherches dans des archives généalogiques confirmées par un test génétique par le biais de 23andMe.com, une société privée dédiée à la génomique personnelle et à la biotechnologie. Par ce biais, il lui a été révélé qu’Ali était l’arrière arrière arrière petit-fils d’Archer Alexander, un célèbre esclave résistant à sa condition.
Archer Alexander
Né esclave vers 1813 dans une plantation de l’état de Virginie (Etats-Unis), Archer Alexander est ensuite vendu à des propriétaires dans l’état du Missouri, un état particulièrement partagé durant la Guerre de Sécession. Lors de celle-ci, Alexander prend le parti des Etats-Unis nordistes contre les sudistes confédérés et informe l’armée des premiers d’un traquenard tendu à leur endroit par les seconds, sous la forme d’un pont saboté. A cette occasion, il révèle aussi la localisation d’armes cachées. Il aurait par là potentiellement sauvé la vie de centaines de personnes. Capturé par des chasseurs d’esclaves pro-confédérés pour cette information, il parvient à leur échapper, réussissant plus tard sauver sa femme et son enfant. Dans une autre ville, il est employé comme servant avec son épouse par un homme qui le garde à l’abri des chasseurs d’esclaves fugitifs jusqu’à la Proclamation d’émancipation des esclaves en 1863. Avant sa mort en 1879, Archer Alexander fut immortalisé par une biographie que lui consacra William Greenleaf Eliot, celui-là même qui l’avait gardé sous sa protection avant son émancipation. Par la médiation d’Eliot qui enverra une photo d’Alexander aux responsables de la réalisation d’un monument en mémoire de la Déclaration d’Emancipation, c’est lui qui sera choisi pour incarner l’esclave émancipé par Abraham Lincoln sur la statue du monument.
Comme son ancêtre Archer Alexander, Muhammad Ali fut donc un grand résistant à la discrimination des Noirs de son pays avant de devenir, comme lui un symbole américain.
Se confiant à nos confrères du Washington Post, une des filles d’Ali, Maryum, a déclaré que son père aurait été fier de découvrir qu’il était de la même famille que quelqu’un comme Archer Alexander. « Il était en avance sur les gens en comprenant qu’il existait un lien [des Afro-Américains] avec les rois et reines d’Afrique à travers l’esclavage. » a-t-elle déclaré.
https://www.nofi.media/2015/03/john-punch-premier-esclave-des-etats-unis-et-ancetre-de-deux-prix-nobel-de-la-paix/13530