Le Tramadol est un puissant opioïde compris dans des comprimés anti-douleur. Non régulés et peu coûteux, il est sur-utilisé par la jeunesse africaine.
Le Tramadol accessible à tous
La difficulté avec cet opioïde, c’est qu’il n’est pas considéré comme une drogue. Il se vend en pharmacie à dose de 50 milligrammes sur ordonnance pour soulager les grandes douleurs. Malheureusement, il est aujourd’hui utilisé à des fins toxicomaniaques sur le marché noir.
Cependant, il n’existe pas de chiffres exacts sur la consommation de Tramadol. Pourtant, plusieurs saisies témoignent de l’importance de leur circulation ces dernières années. Entre février et octobre 2012, près de 130 tonnes de ce produit transporté dans 24 conteneurs ont été interceptés au Bénin, au Ghana, au Sénégal et au Togo. De plus, la tendance s’élargit peu à peu à l’ensemble du continent.
Niger
En janvier 2016, la police nigérienne découvrait 7 millions de comprimés. Une prise record dans un pays considéré comme la principale destination des comprimés déchargés, selon l’Institut français des relations internationales.
Côte d’Ivoire
En 2017, 26 kg de Tramadol ont été saisis à Abidjan. Ainsi, le Général de la police annonçait: « pour le premier semestre 2018, nous avons déjà saisi, une quarantaine de tonnes Tramadol à Abidjan ».
Nigeria
En janvier 2018, une énième saisie record a été effectuée par les autorités au port de Lagos, au Nigeria. Six conteneurs remplis de Tramadol, dont la vente est pourtant limitée à de faibles dosages et contrôlée, ont été saisis. Elle confirmait les craintes sur l’ampleur du phénomène.
Cameroun
Mercredi 5 septembre 2018, les Douanes camerounaises ont intercepté 500kg de Tramadol à l’aéroport de Douala. Neuf mille boîtes de cent comprimés chacune, en un seul colis, étaient adressées à « Green Pharma ». Cependant, aucune autre indication sur le destinataire. Moins encore sur son expéditeur. La marchandise est arrivée à bord d’un vol en provenance de Mumbai en Inde, et devait être réceptionnée à la capitale économique du Cameroun.
Gabon
Le kobolo, mot d’argot venu des quartiers populaires de Libreville, désigne l’usage du Tramadol. Il est aussi surnommée « bébé rose », « petit rouge », ou « kéméka » (correspondant à toute la panoplie des médicaments type Tramadol). La pilule se vend entre 250 et 500 FCFA (0,40 et 0,80 euros) dans les rues de la capitale gabonaise.
« Ça commence dès la sixième, dès 12-13 ans, on voit les enfants littéralement changer de peau, devenir agressifs et violents sous les effets de ce kobolo, qu’on trouve régulièrement en fouillant dans les cartables. Le pire c’est que les élèves ne font pas que consommer, ils vendent », raconte une femme.
La cocaïne du pauvre
Selon les médecins, le Tramadol, aussi appelé « la cocaïne du pauvre », agit directement sur le cerveau. En effet, il apporte une sensation de bien-être par la sécrétion de la dopamine, l’hormone du plaisir. Mélangé à de l’alcool, il désinhibe les jeunes consommateurs qui s’adonnent à des conduites à risque. Ces derniers témoignent ainsi n’avoir « plus de douleur », de la « perte de capacité de raisonnement » ou encore d’un « sentiment d’invincibilité ». Autant d’effets secondaires qui ont mené plusieurs jeunes à l’overdose. Or, l’une des principales causes du « phénomène Tramadol » est la facilité pour s’en procurer. En 2016 déjà, l’agence anti-drogue du Nigeria affirmait que dans les Etats du Nord du pays, 7 garçons sur 10 abuseraient de Tramadol et de médicaments similaires.
