Les mesures répressives à l’encontre des « migrants » ont entraîné une diminution du nombre de personnes arrivant en Europe, mais le taux de mortalité est plus élevé chez ceux qui ont tenté de rejoindre le pseudo El dorado européen.
Le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) a signalé qu’une personne était décédée ou avait disparu au cours de son voyage en Europe pour chaque tranche de 18 personnes qui étaient arrivées en toute sécurité, contre 1 sur 42 en 2017. Selon le rapport, intitulé Desperate Journeys [voyages désespérés, ndlr], les tentatives du gouvernement italien visant à empêcher les migrants d’atteindre l’Europe ou de tenter la traverser de la Méditerranée ont « entraîné moins d’arrivées en Italie, mais un taux de mortalité beaucoup plus élevé » [1].
Il est probable que le nombre de migrants tués soit beaucoup plus élevé que l’estimation du HCR, car beaucoup d’entre eux meurent lors de leur voyage en Libye sur la route qui traverse le désert du Sahara. Les arrivées en Italie ont diminué de 81% au cours des sept premiers mois de l’année 2018 et le total des entrées sur le continent a diminué de 41%. En effet, l’augmentation du soutien à l’extrême droite s’est traduite par une opposition accrue aux migrants dans certaines régions d’Europe, l’Italie refusant d’autoriser les bateaux des ONG qui ont sauvé des personnes des navires chavirés en Méditerranée à accoster. Pour Matthew Saltmarsh, porte-parole du HCR :
« Les gens sont obligés de voyager dans des embarcations fragiles et de voyager plus loin, avec moins de chance d’être pris en charge. Cela accroît le risque de chavirement«
Ajoutant : « La prise de risque est accrue« .
Ce dernier a également déclaré que les migrants ont été dissuadés par un programme financé par l’Union Européenne qui a vu les garde-côtes libyens intercepter des migrants et les renvoyer en détention en Libye. Les autorités libyennes ont intercepté 18 400 personnes sur des bateaux en Méditerranée en juillet dernier, plaçant les migrants « secourus » dans des centres de détention où la torture, les meurtres et l’esclavage sont fréquents.
Ibrahim Younis, chef de mission à Médecins sans Frontières, a déclaré à Sky News que la « grande majorité » des migrants actuellement dans les centres de détention avaient tenté de traverser la Méditerranée et avaient été renvoyés par les garde-côtes. Selon lui :
« Le récit promu par certains en Europe selon lequel la Libye est un endroit sûr pour renvoyer les migrants et les réfugiés secourus en mer n’est tout simplement pas vrai (…) Les retours ont entraîné une nouvelle détérioration des conditions de vie déjà pauvres et surpeuplées dans les centres de détention de Tripoli, où l’accès limité à l’eau potable, à l’assainissement et aux soins de santé a augmenté les conséquences physiques et mentales. »
D’aucuns craignent désormais que les réfugiés en Libye ne soient encore plus en danger, du fait de la recrudescence des combats entre groupes armés à Tripoli qui ont provoqués l’état d’urgence. De plus, le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés prévoit de suspendre ses opérations en Libye… Sale temps pour les migrants.
https://nofi.fr/2017/08/55-migrants-noyes/41855
Notes et références
[1] « DESPERATE JOURNEYS – Refugees and migrants arriving in Europe and at Europe’s borders« , unhcr.org