Depuis l’antiquité, les ceintures de hanches sont un important symbole érotique chez les femmes du continent africain.
Par Sandro CAPO CHICHI / nofi.media
Actuel accessoire phare de la lingerie féminine dans le monde occidental, le string est connu depuis fort longtemps par des populations du continent africain comme les San d’Afrique australe. Son usage semble toutefois s’être développé en premier lieu chez les hommes où il aurait servi à cacher le sexe.
Un attribut érotique féminin peut-être traditionnellement plus répandu chez les femmes du continent sont les ceintures de hanches. Associées à l’accentuation dans la silhouette des hanches féminines et à leur mouvement, elles sont attestées dans toutes les grandes zones de l’Afrique sub-saharienne. Elles le sont aussi en Egypte ancienne vers 2000 avant notre ère où elles sont représentées sur des femmes apprêtées mais quasiment nues. Une scène de danseuses en portant atteste de leur symbole de sensualité féminine dans la société de l’époque.
Chez beaucoup de personnes au Sénégal, les ceintures de hanche sont un des principaux attributs érotiques de la femme. Seul le partenaire de la femme peut les voir dans l’intimité et elles reçoivent un grand nombre de demandes de la part de clients et de clientes. Souvent, lorsqu’elles sont associées au port de lingerie, cette dernière doit être assortie à la couleur des perles. Résultat d’un autre contact avec la culture occidentale, les perles sont parfois décorées de lettres romaines exprimant des messages à connotation explicite.
Si l’on parle en anglais de waist beads (perles de hanches), ces ceintures qui ornent les hanches de femmes africaines ne sont pas toujours des perles à proprement parler. Parfois, il s’agit de chaînes, de perles en terre, en pierre, avec des cauris, des graines ou dans d’autres matériaux.
Dans d’autres sociétés du reste du continent, la ceinture de hanches est parfois portée de manière visible, comme atout de séduction ou pour montrer que celles qui les portent ont atteint la maturité sexuelle. C’est parfois le cas de manière fonctionnelle puisqu’au Ghana par exemple, les perles sont traditionnellement portées comme ceintures pour faire tenir les tissus couvrant les parties intimes dans les périodes de règles. Il convient toutefois de préciser que la ceinture de hanches n’a pas cette connotation dans toutes les cultures du continent. Dans certaines, elle est parfois portée par des enfants pour accompagner le développement de leur silhouette. Dans d’autres, elle peut être portée comme protection magique ou encore comme un marqueur de statut social.
L’usage de ceintures de hanches chez les femmes africaines a semble-t-il survécu à leur déportation aux Amériques. Selon des découvertes des archéologues américains Barbara Bianco, John Howson & Christopher DeCorse (2006) dans un cimetière d’esclaves africains de New York, les ossements d’une femme portant des perles au niveau des hanches ont été trouvées.
Perles de hanches trouvées autour de la zone pelvienne d’une femme enterrée au cimetière d’esclaves africains de New York
S’agissait-il d’un attribut de beauté à porter dans l’au-delà ou avaient-elles une autre fonction? Toujours est-il que la globalisation du monde noir a conduit la ré-appropriation de ces perles comme symbole érotique par des descendantes d’Africaines, notamment aux Etats-Unis.
Une autre fonction inspirée de l’usage de la ceinture de hanches en Afrique fait particulièrement écho aux préoccupations actuelles des femmes occidentales. Il s’agit de celle qui leur permet de contrôler leur poids quand elles les portent au niveau de leur ventre. Ce contrôle peut se faire de manière continue, sans avoir à subir de mauvaises surprises en essayant un pantalon.