La policière Amber Guyger, pensant aller chez elle, était rentrée dans l’appartement voisin de Botham Shem Jean. L’ayant pris pour un cambrioleur, elle l’a abattu.
Par Sandro CAPO CHICHI / nofi.media
La tragédie a eu lieu à Dallas dans la soirée du jeudi 6 septembre 2018. Amber Guyger, une officière de police alors âgée de 30 ans, n’était à ce moment là pas en service mais portait son uniforme. Elle se rendit dans son immeuble pour entrer dans son appartement. Une fois sur place, elle y trouva un homme sur qui elle tira. Botham Shem Jean, âgé de 26 ans, est décédé de ses blessures après avoir été transféré dans un hôpital local. Ce type de situation, qui voit une personne abattue par un policier alors qu’elle accomplissait un vol a été la cible d’accusations d’ un usage disproportionné de la force par la police dans le cadre du mouvement Black Lives Matter.
Le problème dans cette affaire, c’est que Botham Shem Jean n’était pas un cambrioleur. Il ne se trouvait même pas dans l’appartement d’Amber Guyger, mais dans le sien. Guyger a déclaré avoir poussé la porte entrouverte de cet appartement qu’elle croyait être le sien avec sa clef, y aperçut une ‘large silhouette’ qu’elle prit pour celle d’un cambrioleur et lui tira dessus.
Selon le témoignage unanime de son entourage, Bothem Shem Jean était un jeune homme doté d’un comportement exemplaire, amical et calme. Né sur l’île caribéenne de Sainte-Lucie en 1991, Jean était sorti diplômé en comptabilité et en management du système d’information d’une université américaine en Arkansas. Il a aussi été décrit comme très religieux et doté d’une voix magnifique dont il faisait usage dans le chant à l’église. Au moment de sa mort, il travaillait comme conseiller en assurance dans une entreprise d’audit financier. Si, Botham Shem Jean, selon son père, « ne faisait pas attention à la couleur (de peau des gens) », la polémique concernant sa mort a rapidement pris une coloration ethno-raciale.
La libération sous caution peu après l’homicide d’Amber Guyger et la non-divulgation de son identité au public ont entraîné des protestations de manifestants, notamment afro-américains, qui rattachaient cette tragédie aux cas de violences policières ayant touché des hommes noirs aux Etats-Unis ces dernières années.
Sous la pression de ces manifestations, Amber Guyger a été inculpée pour homicide involontaire alors que beaucoup de protestataires espéraient une inculpation pour meurtre. Bien que les résultats n’en aient pas été dévoilés, Guyger avait été soumise, peu après l’incident, à un test de son taux d’alcoolémie et d’usage de drogues.
Amber Guyger ayant déclaré n’avoir aperçu qu’une silhouette dans le noir, sa ligne de défense devrait nier que ses tirs eurent pu être motivés par la couleur de peau de sa victime. D’après l’avocat de la famille de Botham Shem Jean, un témoin de la scène aurait entendu une voix de femme criant à plusieurs reprises « laissez-moi rentrer, laissez-moi rentrer » avant le tir de plusieurs coups de feu, ce qui contredirait la version de Guyger.
Obadele Kambon, un extraordinaire universitaire et activiste du monde noir