Quand un esclave africain apprenait aux Blancs des Etats-Unis à guérir la variole

C’est  Onesimus, un esclave africain, qui au 18ème siècle a introduit aux Etats-Unis la pratique de la variolisation,  permettant au passage le sauvetage de milliers de vies des ravages de la variole.

Par Sandro CAPO CHICHI de New African Cultures / nofi.media

Elle n’est plus aujourd’hui qu’un lointain souvenir. Pour certains des plus jeunes d’entre nous, son nom ne renvoie même plus à rien. Pourtant, pendant des millénaires et jusqu’à son éradication en 1980, la variole a été l’une des maladies les plus meurtrières de l’histoire de l’humanité.

En Afrique de l’ouest et centrale, la variole n’a vraiment eu un effet dévastateur qu’aux alentours des 17-18ème siècles. Pour la combattre, de nombreuses populations africaines concernées eurent recours à la technique dite de la variolisation. La variole était une maladie se caractérisant par des la présence de pustules sur le corps.

variole

La variolisation consistait d’abord à extraire un peu de pus d’un de ces pustules chez une personne faiblement malade. Ensuite, on la transmettait dans une incision faite sur le corps d’une personne non-atteinte. Ce contact avec l’agent infectieux permettait souvent d’être immunisé contre de futures épidémies de la maladie.

Ce savoir, des Africains l’ont apporté avec eux lorsqu’ils furent déportés aux Amériques.

Onesimus

Au début du 18ème siècle, un Africain probablement originaire du pays akan arriva à Boston dans l’état du Massachussetts comme esclave de Cotton Mather, un fameux ministre puritain de l’époque.
Mather, qui l’a nommé Onesimus le décrit dans ses écrits comme ‘intelligent’ mais aussi comme « enclin à voler », ‘rebelle’, ‘indiscipliné’, etc. Si ces derniers mots ne sonnaient pas comme des compliments dans la bouche de Mather, ils doivent être réinterprétés comme des mots désignant un homme fier et admirable, car attaché à sa liberté. En 1716, Onesimus acheta sa liberté auprès de Cotton Mather. Sa trace disparaîtra de l’histoire jusqu’à ce qu’en 1721, Mather ne fasse référence à lui par écrit. Une épidémie de variole avait frappé Boston, et les médecins d’origine européenne présents sur place, peu familiers avec la maladie, se trouvèrent dans l’impossibilité de la traiter. Cotton Mather présenta un plan de lutte contre la variole cherchant à lancer une campagne de variolisation. Dans ce texte, il mentionnait comment son ancien esclave Onesimus lui avait appris cette pratique et comment celle-ci était la meilleure option pour vaincre l’épidémie. Cette proposition fut largement critiquée par les médecins locaux pour qui des Africains n’avaient rien à leur apprendre, eux les supposés détenteurs de la ‘science universelle’. La variolisation ne fut pas pratiquée à grande échelle mais ceux qui l’avaient subie furent largement plus épargnés que les autres. Par la suite, à Boston et dans le reste des Etats-Unis, la variolisation fut adoptée pour prévenir des futures épidémies de variole, sauvant des centaines de vies, de Noirs comme de Blancs, grâce au savoir d’un Africain.

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