Le gouvernement congolais projette le « déclassement par décret d’une zone à intérêt pétrolier » dans les deux parcs des Virunga et de la Salonga, selon un compte-rendu d’un conseil des ministres en date du 8 juin.
La « zone d’intérêt pétrolier » concerne 172 075 hectares des Virunga, soit 21,5 % de la surface totale du parc classé au patrimoine mondial de l’Unesco.
Le document ne donne en revanche aucun chiffre pour la Salonga. L’Unesco décrit ce dernier comme la “plus grande réserve de forêt tropicale humide”, avec une “surface forestière encore relativement intacte”.
Le ministre des Hydrocarbures a demandé « l’autorisation de constituer, avec son Collègue de l’Environnement et du Développement Durable, une commission interministérielle » pour préparer les deux décrets. « Après examen, le Conseil des ministres a accordé les deux autorisations », précise le compte-rendu.
Ce projet de « commission » pour étudier le « déclassement » d’une partie de deux des joyaux naturels et touristiques de la RDC avait été révélé par l’ONG Global Witness le 3 mai dernier. L’ONG avait demandé l’arrêt de ce projet en dénonçant « des conséquences catastrophiques » pour l’environnement :
« Le parc de la Salonga abrite près de 40 % de la population mondiale de bonobos, tandis que celui des Virunga constitue un habitat vital pour de nombreuses espèces protégées, les hippopotames, les éléphants et certains des derniers gorilles des montagnes au monde ».
Le 24 mai dernier, une centaine d’ONG avaient signé une déclaration pour rappeler le caractère illégal de toute exploitation dans les aires protégées, mais aussi les termes de l’accord de Paris sur le climat, signé par la RDC.
Dans les Virunga, le plus ancien parc naturel d’Afrique, les réserves pétrolières sont estimées à « 6 758 milliards de barils avec les recettes budgétaires additionnelles de sept milliards de dollars », d’après une note du ministre que l’AFP avait pu consulter. Mais c’est surtout de la faune et de la flore congolaises dont il est question, car ces sites concernés par les forages abritent une biodiversité exceptionnelle. Les Virunga est le plus ancien parc naturel d’Afrique. Il s’étend au nord-est du pays, le long de la frontière avec l’Ouganda et le Rwanda, sur environ 7 800 km².
Le parc national de la Salonga, classé au Patrimoine Mondial de l’Unesco depuis 1984, est la plus grande forêt tropicale protégée au monde avec ses 36 000 km² de superficie.
Ces deux sites sont des emblèmes de la fragile biodiversité qui existe dans cette partie du monde. La forêt tropicale du Congo est la deuxième plus grande de la planète après l’Amazonie.
https://nofi.fr/2018/02/rdc-deux-compagnies-chinoises-se-partagent-650-000-ha-de-foret/48623
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