Ces dernières années, de nombreux jeunes artistes africains ont fait la une des médias du monde entier pour l’hyperréalisme de leur dessins et peintures. Retour sur un phénomène.
Par Sandro CAPO CHICHI / nofi.media
Fin des années 2010. Il est de ces profils qui attirent régulièrement l’attention dans les médias et les réseaux sociaux, indépendamment de l’individu. C’est le cas, comme je l’ai écrit dans un précédent article, de jeunes femmes noires ayant été victimisées à cause de la couleur sombre de leur peau avant de rebondir pour devenir des modèles de beauté.
Un autre cas que je voudrais aborder ici est le suivant. Depuis 2016 au moins, des artistes africaines font la une des médias pour leurs dessins et leurs peintures. Ces oeuvres rivalisent, par leur précision, avec le réalisme de la photographie.
Le buzz autour des modèles noires à peau foncée semble entrer dans le contexte de la promotion récente de la diversité des beautés noires (modèles albinos, modèles souffrant du vitiligo, modèles grande taille, modèles handicapés, grand buzz autour du terme ‘colorisme’, etc) et allant de paire avec le féminisme intersectionnel.
En revanche, les raisons du buzz autour des artistes africains hyperréalistes semble plus obscur, a fortiori à une époque où un tel réalisme est accessible à presque tout le monde à travers l’appareil photo d’un téléphone portable.
L’hyperréalisme n’est d’ailleurs pas un phénomène nouveau dans l’histoire de l’art. Ce courant est en effet apparu dès le dernier quart du vingtième siècle.
L’hyperréalisme africain récemment en vogue dans les médias a toutefois une particularité saillante. Il se distingue par un traitement remarquable du contact de l’eau avec le corps humain.
Comme je l’ai dit, la photographie et sa capacité de reproduction fidèle de la réalité est aujourd’hui accessible à tous. La pratique du dessin pour reproduire la réalité s’est pour cette raison largement perdue. Les gens deviennent d’autant plus admiratifs, voire estomaqués devant des dessinateurs et des peintres capables de pousser si loin la reproduction du réel.
Dans le monde entier, y compris dans la diaspora noire, l’Afrique est associée au manque de ressources matérielles. Pour beaucoup, voir de jeunes Africains atteindre un tel niveau de perfection sans rien d’autre que leur talent, leur pinceau, leur palette et leur crayon, donne de l’espoir et entraîne le respect.