La coureuse éthiopienne Girmawit Gebrzihair a remporté une médaille de bronze sur le 5000 mètres aux championnats du monde junior en 2018 à Tampere en Finlande. Plus que sa performance, c’est toutefois son âge de seize ans qui a entraîné le scepticisme de certains observateurs.
Par Sandro CAPO CHICHI / nofi.media
Il s’agit là d’un sujet récurrent autour du sport africain. Des Africains véreux profiteraient de la corruption et du manque de sérieux de l’état civil de leurs pays pour ‘rajeunir’ certains joueurs locaux. Ils les enverraient ensuite en Europe où leur apparence d’adulte leur donnerait un avantage décisif dans la sélection avec les jeunes Blancs. Cette mascarade assurerait des contrats professionnels à des joueurs africains malhonnêtes et des commissions juteuses à leurs agents véreux.
Si l’existence de telles situations est reconnue par de nombreux Africains qui y font référence sous le nom d’âge CFA, sa généralisation à un plus grand nombre de joueurs africains,voire d’origine africaine peut sembler abusive. Un cas l’illustrant est celui du footballeur portugais Renato Sanches accusé à tort d’avoir triché sur son âge. Ce dernier devait ses accusations à sa précocité et sa déclaration tardive à l’état civil.
Pour Girmawit Gebrzihair, la situation est différente. Cette athlète éthiopienne a participé aux championnats du monde de moins de vingt ans en 2018 en Finlande où elle a remporté une médaille de bronze dans l’épreuve des 5000 mètres.
Ce qui a choqué de nombreux observateurs au sujet de Girmawit Gebrzihair, c’est aussi son apparence, peu compatible, pour certains, avec son âge déclaré de 16 ans. En 2017, elle avait aussi accompli un score de 32 minutes 33 secondes sur le 10 kilomètres jugé comme très surprenant pour une coureuse de 14 ans.
Cette apparence, raillée par un spécialiste d’athlétisme espagnol a donné lieu à de nombreuses moqueries et interrogations plus prudentes sur l’âge de la jeune femme. Comme l’ont fait remarquer certains médias, les modalités de vérification de l’âge sont moindres chez les juniors et les instances de l’athlétisme junior seraient donc autant à plaindre que Girmawit Gebrzihair, si jamais elle avait fraudé. Il a aussi été noté que l’on ne peut pas toujours appliquer nos critères d’évaluations de l’âge à toutes les populations du monde.
Cela dit, les fraudes sur l’âge en Afrique doivent absolument être combattues, non seulement par souci de justice ou d’équité, mais aussi sur leurs retombées parfois inattendues sur l’image des Noirs, voire sur les préjugés racistes qui les atteignent.
On pense notamment à celui qui voit les Noirs comme des athlètes naturels n’ayant pas besoin de travailler pour développer leur musculature systématiquement impressionnante.
https://nofi.fr/2017/06/athlete-trans-surclasse-concurrentes/39830