Ezana était le roi de l’Abyssinie (actuelles Ethiopie et Erythrée) au quatrième siècle de notre ère. Ses nombreux accomplissements dans différents domaines en font l’un des plus importants rois de l’histoire de l’Afrique.
Par Sandro CAPO CHICHI / nofi.media
Aujourd’hui, les souverains les plus célèbres de l’histoire de l’Abyssinie (actuelles Ethiopie et Erythrée) sont incontestablement Haile Selassie et Menelik II. Certes, la longue lignée de ces empereurs du 19ème siècle qui remonterait à l’union du roi Salomon et de la reine de Saba est souvent mentionnée. Toutefois, peu de rois historiquement attestés de cette nation pendant l’antiquité sont connus du grand public.
L’un d’entre eux gagnerait pourtant à être connu. Il s’agit d’Ezana, qui au quatrième siècle de notre ère a marqué l’histoire de l’Afrique en quatre aspects majeurs : la conquête, la construction, la littérature et la religion.
Ezana
C’est au milieu du 4ème siècle après notre ère qu’a régné Ezana, durant la période de l’histoire abyssinienne appelée ‘empire d’Axoum‘, du nom de la capitale de la nation à cette époque.
La conquête
Ezana se présente dans des textes comme régnant notamment sur les puissants royaumes de Saba et d’Himyar dans la péninsule arabique. Sa domination est toutefois bien plus attestée dans une autre super-puissance de l’époque, à savoir le Soudan ancien. Dans sa célèbre stèle érigée dans trois langues, en ge’ez, en sabéen et en grec, Ezana affirme notamment avoir vaincu les Nouba (ancêtres éponymes des actuels Nubiens) sur le territoire des anciens Kouchites. Ces prétentions sont attestées par la découverte, sur le territoire soudanais, de stèles d’Ezana. Les Kouchites étaient les héritiers de la civilisation pharaonique qui avait dominé la vallée du Nil pendant plusieurs millénaires. Par conséquent, ces documents sont souvent interprétés comme le témoignage d’une passation de pouvoir entre la civilisation pharaonique et celle des Negus d’Abyssinie dans la domination de la Vallée du Nil.
La religion
C’est Ezana qui fut le premier souverain de l’histoire de l’Abyssinie à se convertir au christianisme. Il fit de sa nation la deuxième du monde à adopter cette religion comme officielle, après l’Arménie. Il en fit aussi la première nation du monde à faire frapper des pièces de monnaie de la croix chrétienne.
L’art et l’architecture
En convertissant l’Abyssinie au christianisme, Ezana fut aussi peut-être à l’origine d’un grand changement artistique et architectural. Il est en effet fort possible que sa conversion ait mis fin à l’érection d’obélisques qui marquaient des tombes païennes. La dernière des obélisques d’Aksoum est parfois aussi associée à son règne avant sa conversion.
Bien qu’elles semblent avoir eu une fonction différentes de celles érigées en Egypte ancienne, leur monumentalité apparaît comme inspirée de leurs grandes soeurs pharaoniques.
La documentation
Un autre aspect marquant du règne d’Ezana est l’impressionnante documentation qu’il a laissé.
Des centaines de pièces de monnaie, stèles monumentales ainsi qu’une lettre de l’empereur romain chrétien Constance II critiquant l’abbé Frumentius envoyé par le pouvoir romain en Abyssinie.
Tous ces faits font d’Ezana l’un des plus fameux rois de l’histoire de l’Afrique, son règne préfigurant les conquêtes de Kanem Bornou jusqu’en Libye,la grande attestation de Soundjata Keita dans l’oraliture africaine où l’influence de la conversion des rois de Mali à l’Islam sur l’histoire de l’Afrique de l’Ouest et de ses grands empires.