Le continent africain enregistre malheureusement le taux le plus élevé d’esclavage moderne au monde… L’esclavage serait-il une histoire sans fin ?Selon l’Indice mondial de l’esclavage de 2018, ce sont près de 9, 2 millions d’africains qui vivent en situation de servitude à l’heure où nous écrivons ces lignes. Les causes principales de ce drame humain ?
- les nombreux conflits armés,
- le travail forcé sponsorisé par l’Etat,
- les mariages forcés.
Il est inquiétant de constater que malgré l’augmentation de ces pratiques, l’esclavage est resté en grande partie invisible. Cela s’explique notamment par le fait que ce dernier frappe majoritairement les membres les plus en marge des société africaines (les minorités ethniques, les femmes et les enfants).
L’esclavage est particulièrement répandu en Érythrée et en Mauritanie, où celui-ci est depuis longtemps une pratique institutionnalisée. En Érythrée, par exemple, l’État a supervisé un service de conscription national notoire accusé d’enrôler des citoyens pour une durée indéterminée, contribuant à la vague de réfugiés fuyant le pays. Les travailleurs qui prétendent avoir été forcés de travailler dans la première mine moderne du pays poursuivent actuellement l’entreprise minière Nevsun, basée à Vancouver, qui détient une participation majoritaire dans la mine.
La situation est bien plus dramatique en Mauritanie, qui détient le triste titre de dernier pays du monde à avoir abolit l’esclavage. Durant des siècles, les Haratines (également appelés Maures Noirs, habitant certaines oasis du nord-ouest de l’Afrique) ont été réduits en esclavage générations après générations. Les rapports ont également montré l’existence de la collusion du gouvernement avec des propriétaires d’esclaves qui intimident ceux qui ont le courage de se libérer de leurs « maîtres ». Une décision historique de janvier de l’Union africaine a déclaré que la Mauritanie n’en faisait pas assez pour poursuivre et emprisonner les auteurs de l’esclavage.
Ces dernières années, le servage sur le continent a attiré l’attention du monde entier après des vidéos montrant des « marchés d’esclaves » en Libye où des migrants africains étaient vendus aux enchères dans des parkings, des garages et des places publiques. La migration vers la Libye a également mis les femmes nigérianes dans le feu croisé, et beaucoup d’entre elles sont aspirées dans le dangereux monde du trafic sexuel en Italie. Lors des matchs de la Coupe du monde en Russie, le groupe anti-esclavagiste Alternativa a déclaré que les proxénètes envisageaient également d’exploiter les règles laxistes de visa de la Russie pour la coupe du monde de football pour mettre les femmes nigérianes sur le trottoir.
L’étude, réalisée en collaboration avec Walk Free Foundation et l’Organisation Internationale du Travail, note également comment les consommateurs du monde entier obtiennent des produits qui, à un moment donné, sont passés par les mains d’esclaves modernes. C’est particulièrement le cas des pays du G20, ayant des lois et des systèmes qui répriment sévèrement la servitude, mais qui importent collectivement pour près de 354 milliards de dollars de produits à risque chaque année.
Comme les rapports précédents l’ont montré, les cas d’esclavage persistent encore plus bas dans la chaîne d’approvisionnement dans les pays producteurs de produits comme la RD Congo et même la Côte d’Ivoire…