Bfyne, une marque de maillots de bains nigériane a accusé la designer Silvia Ulson d’avoir plagié l’un de ses produits inspiré du tissu dashiki ouest-africain.
Par Sandro CAPO CHICHI / nofi.fr
Les histoires les plus populaires de plagiat mettent souvent aux prises un parti riche, célèbre mais au talent limité qui est accusé de voler la création d’un parti plus modeste, moins connu et plus talentueux.
Le scénario dont je vais parler ici est quelque peu différent car Bfyne, la marque supposément plagiée est plus apparemment plus célèbre que celle accusée de plagiat.
Depuis sa création, cette marque de maillots de bains créée par la designer nigériano-américaine Buki Ade a pris d’assaut le monde du maillot de bain.
Grace à ses coupes et ses designs novateurs, Bfyne s’est offert une incroyable viralité en ligne ainsi que des mentions dans des grands magazines de mode comme Vogue, Glamour ainsi que l’édition spéciale maillots de bain de Sports Illustrated.
De son côté, les créations de l’accusée, la Brésilienne Silvia Ulson, si elles ne sont pas celles d’une débutante sans aucune entrée dans le monde de la mode, sont loin de rencontrer le succès de celles de Buki Ade.
Lors du défilé de juillet 2018 de la Miami Swim Week, Silvia Ulson a présenté des modèles défilant avec des maillots de bain rappelant fortement des créations de la marque nigériano-américaine.
Bien que les maillots de bain de Bfyne soient inspirés par les motifs du dashiki ouest-africain, le rapport de ces motifs à la coupe semble être unique à Bfyne.
Présentant ses créations comme un hommage à la culture amérindienne du Brésil, Silvia Ulson a été depuis été largement reprise de volée dans les médias et les réseaux sociaux.
La marque nigériano-américaine s’est indignée, par le biais d’un de ses représentants, de ce qu’elle a présenté comme l’appropriation d’une de ses créations. Elle a aussi accusé Ulson d’avoir délibérément coiffé ses modèles de plumes pour tromper le public sur l’origine africaine des tenues et les faire passer pour d’inspiration amérindienne.
De son côté, la designer brésilienne ne s’est pas excusée. Elle a rejeté la faute sur un collaborateur qu’elle dit avoir payé pour ces designs qu’elle ne connaissait pas. Elle a aussi affirmé que ces défilés annuels n’avaient pas de visées commerciales et que sa marque ne vendait pas de maillots de bain.
Cette histoire qui a mis aux prises un supposé plagié bien plus connu que le supposé plagiaire a donc, une fois n’est pas coutume, été l’objet d’un véritable buzz sur les réseaux sociaux.
Généralement, ce type de plagiat n’attire pas l’attention et est plus que vu comme le résultat du rayonnement d’une marque qui marche sur le monde de la mode en général.
Mais le concept d’appropriation culturelle , particulièrement à la mode ces dernières années est passé par là.
Si les créations plagiées sont inspirées par une culture non-occidentale, le plagiat peut être considéré comme une manifestation de l’impérialisme, multiplier l’empathie envers le plagié, même lorsque celui-ci a plus de succès que le plagiaire.
https://nofi.fr/2017/03/yves-saint-laurent-de-plagiat/36812