La prochaine élection présidentielle en République démocratique du Congo est prévue le 23 décembre 2018. Alors que la loi de janvier 2015 prévoyait le vote de la diaspora congolaise, celui-ci a été remise en question ce samedi 2 juin par la CENI (Commission électorale nationale indépendante).
Les Congolais de la diaspora risquent finalement d’être privés d’élections en décembre prochain. Une proposition de loi en ce sens a été déposée par le député de la majorité Henri-Thomas Lokondo. Si elle est votée, celle-ci modifiera la loi électorale de janvier 2015, qui ouvrait le droit de vote, uniquement pour les élections présidentielles, aux Congolais de la diaspora.
Des causes logistiques et financières
Le ministre délégué aux Affaires étrangères en charge des Congolais de l’étranger, Emmanuel Ilunga joint par RFI explique les raisons de cette probable annulation.
« Les élections auront bel et bien lieu, mais hélas, à mon humble avis, sans leur participation… ils sont dehors et il n’y aura pas de bureau de vote à l’extérieur. Tous ceux qui veulent voter peuvent venir au pays, prendre des cartes et revenir pour voter à l’intérieur du pays ».
De plus, la logistique pour assurer le vote de la diaspora congolaise prévu le 1er juillet et les moyens financiers font défaut.
« Si nous voulons enrôler sur l’ensemble des pays dans le monde c’est impossible d’arriver jusqu’au mois de décembre… Parce qu’il y a 180 pays. Donc, il faut aller dans tous les pays, tel que la loi le prévoit. Et ça, ça ne peut pas se faire en claquant le doigt. Donc il faut du temps, il faut une préparation, il faut une logistique et donc derrière tout ça les moyens financiers. Comprenez que les difficultés financières sont là. C’est une réalité ».
Levée de boucliers de l’opposition
Samedi 2 juin, le président de la CENI Corneille Nangaa a recommandé l’annulation de l’enrôlement des congolais de l’étranger, provoquant l’indignation de l’opposition.
Jean-Pierre Alumba Lukamba, directeur exécutif de la « diaspora congolaise pour le développement » estime que « le non-enrôlement des congolais de l’étranger risque de renforcer l’animosité qui existe déjà entre la diaspora congolaise et les institutions de la RDC ».
Pour Delly Sessanga, le secrétaire général d’« Ensemble », qui soutient la candidature de Moïse Kutumbi, la déclaration du président de la CENI est « une stratégie du pouvoir de reporter les élections au-delà du 23 décembre 2018 ».
« C’est évident que la prochaine étape pour la CENI c’est de nous dire que nous n’avons pas les moyens pour financer le processus, pour pouvoir nous justifier à bout de chaine une décision inacceptable du report des élections au-delà de la date du 23 décembre 2018 ».
« On ne peut pas accepter cela, estime pour sa part Martin Fayulu, leader de la Dynamique de l’opposition et candidat investi à l’élection présidentielle. Même l’OIF admet qu’on ne peut changer la loi électorale dans le courant de l’année précédant le scrutin. Cette modification revient à écarter près de sept millions d’électeurs, qui sont en règle avec des passeports congolais. La Ceni avait pourtant 1 600 kits en stock pour assurer leur enrôlement. Pourquoi ne les ont-ils pas envoyés avant dans les ambassades ? »
La candidature pour un troisième mandat de Joseph Kabila, dont le second a pris fin en décembre 2016, n’est pas exclu des thèses de l’opposition. Ce nouvel évènement excluant la diaspora congolaise du scrutin, quand bien même ce droit est inscrit dans la Constitution, présage une fin d’année mouvementée en RDC.
https://nofi.fr/2018/06/les-oublies-du-kasai-chronique-dun-massacre-passe-sous-silence/53799
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