Le chlordécone, le centre hospitalier universitaire de Pointe- à- Pitre, les greffes et les dons d’organe ou encore la création d’emploi ; les batailles de Justine Bénin, députée de la Guadeloupe sont nombreux. Si la charge de travail peut- être impressionnante, il n’y a pas là de quoi faire peur à cette femme engagée pour le développement de son territoire.
C’est l’histoire d’une femme guadeloupéenne de 43 ans, qui a endossé la fonction de députée pour servir sa région d’origine. Justine Bénin est une voix qui s’est faite entendre aux Abymes et au Moule, en Guadeloupe, lors des élections municipales puis, législatives. Pourtant, rien ne la prédisposait à endosser ce rôle politique. Après des études supérieures à Fouillole, l’université guadeloupéenne, Justine Bénin rentre à la poste où elle devient cadre quelques années plus tard. Soutenue par ses amis, elle saute finalement le pas et s’inscrit sur la liste de Gabrielle Louis- Carabin, qui porte l’étiquette de l’UMP pour l’élection municipale. Elle incarne une nouvelle façon d’envisager politique.
Avec sa première victoire en 2008, aux élections municipales, Justine Bénin passe de l’ombre à la lumière. En 2010, elle relève un nouveau défi : elle est élue aux régionales sur la liste du vainqueur socialiste Victorin Lurel, ex-ministre de l’Outre-mer. L’année suivante, lors des cantonales elle est élue conseillère générale divers gauche dans le canton du Moule, en Guadeloupe, éliminant dès le premier tour le sortant socialiste Christian Couchy. Elle est réélue lors des départementales de 2015, après la fusion des cantons de la commune dans le nouveau canton du Moule.
La guadeloupéenne connaît la consécration en 2017, lorsque cette fois, en tête d’affiche, elle remporte les élections législatives. Elle devient députée de la 2e circonscription de la Guadeloupe après avoir obtenue 64,26% des voix contre Diana Perran, candidate de LRM.
Une fois élue, son nouveau défi est de pallier au retard de la Guadeloupe en matière de développement. Pour ce faire, Justine Bénin a une nouvelle méthode de travail : un projet co- constructif qu’elle a commencé avec les huit maires de la 2ème circonscription. Un travail d’équipe pour lutter efficacement contre le chômage, développer l’emploi et éviter l’asphyxie des petites entreprises par la fiscalité. Justine Bénin alerte également ses troupes sur la question des impôts :: « Il faudra être réactif concernant le prélèvement à la source ».
Justine Bénin est sur tous les fronts. « Que propose l’Agence de la biomédecine pour combler le retard dont souffrent les territoires des Outre-Mer en matière de greffes et de dons d’organe ? » C’est par cette question que la députée a conclu son intervention lors de l’audition de la directrice de l’Agence de la bio- médecine, Anne Courvèges, par la commission des Affaires sociales à Paris en janvier dernier.
Elle voit dans le chlordécone, pesticide cancérogène et perturbateur endocrinien, une négligence de l’Etat depuis des années. « L’Etat interdit le label Banane bio en Guadeloupe mais accepte le label pour les pays du Costa Rica. J’ai demandé au ministère de l’agriculture de réviser cette affaire et d’appliquer le principe de précaution qui est dans la charte de l’environnement dans son article 5 ».
Ce qui l’inquiète d’autant plus, c’est la situation du centre hospitalier universitaire (CHU) de Pointe-à-Pitre. 43 personnes y seraient décédées à cause du manque de prise en charge depuis l’incendie du 28 novembre dernier. « C’est un problème de santé publique » dénonce la députée.
« Pouvez-vous aujourd’hui rassurer la Guadeloupe et les Guadeloupéens en nous présentant les mesures du gouvernement pour préserver la présence des soins critiques en Guadeloupe, le caractère universitaire du CHU et pour conserver l’ensemble de nos spécialités et remettre en marche le CHU de Pointe-à-Pitre ? »
La réponse d’Agnès Buzyn, ministre de la Santé s’est voulue rassurante. « Nous avons une double préoccupation aujourd’hui pour le CHU de la Guadeloupe. C’est d’abord la sécurité sanitaire des professionnels de santé, des malades qui séjournent aujourd’hui et la deuxième (ndlr : préoccupation) un accès suffisant et adapté aux soins critiques en Guadeloupe »
Le programme de la construction du nouveau CHU, dont le déplacement de 700 patients du secteur privé n’est pas encore achevé.
Les difficultés que rencontrent la Guadeloupe sont nombreuses. Sur ces points, la députée fait confiance à l’Etat.
Ce qui fait de Justine Bénin une politique qui a le vent en poupe, c’est qu’elle est passionnée : « Faire des allers retours Paris, Pointe- à pitre est un choix que je fais pour assurer ma mission. Je dois mener à bout cette mission qui m’a été confiée par la population et je n’ai pas le droit de me plaindre. Je le fais avec beaucoup de cœur, avec toute la passion qui m’anime. Comme je le dis à tout le monde, le jour où je n’aurai plus de passion, je ne continuerai plus. »