Jack Johnson, le premier boxeur Noir champion du monde

En mai 2018, le président américain Donald Trump a réhabilité à titre posthume Jack Johnson, premier Noir sacré champion du monde de boxe poids lourds, condamné à la prison. Son crime: avoir été en couple avec une femme blanche dans l’Amérique ségrégationniste.

La grâce présidentielle pour Jack Johnson

Le jeudi 24 mai 2018 fut un moment historique dans l’histoire américaine. Le président Donald Trump a accordé la grâce présidentielle à Jack Johnson, arrêté et emprisonné en 1913. Johnson a été condamné à pour avoir eu des relations avec une femme blanche, Lucille Cameron, qui fut par la suite son épouse. Il a été victime de « ce que beaucoup ont considéré être une injustice motivée par le racisme » alors que le pays vivait « une période d’énormes tensions raciales », a déclaré Trump.

Jack Johnson
Donald Trump, entouré de Sylvester Stallone, l’actuel champion du monde des lourds WBC Deontay Wilder et l’ancien champion britannique Lennox Lewis durant la cérémonie de grâce présidentielle pour Jack Johnson.

En effet, en 1912, en pleine ségrégation raciale, les Noirs d’Amérique sont confrontés à de nombreuses lois discriminantes. De la loi Jim Crow au Mann Act, ou White-Slave Traffic Act (« loi sur le trafic d’esclaves blancs »), tout est fait pour marginaliser la population noire-américaine. Johnson fut condamné par le Mann Act, cette loi fédérale officiellement votée pour lutter contre la prostitution et la traite des êtres humains, mais abusivement utilisée contre Johnson pour criminaliser les couples mixtes.

C’est cette condamnation raciste que le président Donald Trump a annulé, rendant à Jack Johnson et à sa famille, notamment à son arrière petite-nièce présente lors de la cérémonie, l’honneur qui leur est dû. Un acte fort et symbolique, demandé depuis plusieurs années par des personnalités comme Sylverster Stallone pour qui la réhabilitation « était très importante ».

C’est donc entouré de l’acteur Sylvester Stallone, qui a incarné le célèbre boxeur « Rocky », l’actuel champion du monde des lourds WBC Deontay Wilder et l’ancien champion britannique Lennox Lewis, que Trump a signé l’acte officiel réhabilitant le boxeur Jack Johnson, premier champion du monde noir dans la catégorie poids lourds.

Qui était Jack Johnson?

John Arthur Johnson (1878-1946), surnommé le « géant de Galveston », du nom de la ville du Texas où il est né le 31 mars 1878, était un « véritable grand combattant », a déclaré Trump. Il était tout simplement l’homme le plus fort du monde à son époque. A son palmarès: 78 victoires, dont 45 par KO, pour 8 défaites et 12 nuls. Mais le tournant de sa carrière se déroule le 26 décembre 1908, lors d’une victoire historique contre le Canadien Tommy Burns, alors champion du monde en titre.

Le sport ne déroge pas à la règle de la ségrégation raciale et le match est interdit aux Etats-Unis. Comment un homme noir peut se confronter au champion du monde, blanc de surcroît? C’est donc en Australie que le combat aura lieu. Tommy Burns qui avait promis à l’ancien champion Jim Jeffries qu’il ne combattrait pas de noirs, se laisse malgré tout tenter par les 30 000 dollars de gains. Le 26 décembre 1908 à Sydney, il remet son titre en jeu. Jack Johnson remporte le combat et devient le premier noir champion du monde de boxe dans la catégorie poids lourds. L’Amérique est sous le choc, la victoire est sans appel. Les journalistes tentent de minimiser la domination de Johnson sur le match mais Jack London, du New York Herald, rapporte dans sa chronique :

« Sa victoire était sans réserve. Ce fut son combat d’un bout à l’autre (…) il doit être reconnu par tout homme qui se trouvait sur le bord du ring qu’il n’y a pas eu un round qui puisse être reconnu comme revenant à Burns. »

Voici un extrait qui remet les pendules à l’heure, nous y voyons un combat largement dominé par Johnson:

Une victoire sur l’Amérique ségrégationniste

A 30 ans, Jack Johnson obtient le sésame des boxeurs: la ceinture qui fait de lui l’homme le plus fort du monde. Ses techniques inédites de boxe surprennent l’adversaire, son insolence galvanise la population noire qui le soutien, c’est un show-man.

Sous la pression populaire de l’Amérique blanche qui refuse qu’un noir porte la ceinture du champion, Jim Jeffries, ancien champion du monde, sort de sa retraite à 35 ans pour réparer l’affront. Ce match à 100 000 dollars est attendu de tous. Le 4 juillet 1910, jour de l’Independence Day, plus de 500 journalistes arrivant des quatre coins du monde viennent assister au « plus grand combat du siècle ». Là encore, Johnson démontre sa supériorité. Jeffries tient jusqu’au 15ème round, avant de jeter sa serviette en signe d’abandon. Cette fois-ci, personne ne peut plus remettre en question le titre légitimement acquit de Jack Johnson.

La postérité reconnue Johnson pour son histoire. Il influença les générations de boxeurs noirs comme Cassius Clay allias Mohamed Ali et Miles Davis lui rendit hommage à travers un album. Quand Ali rencontra Jerry Quarry, un poids lourd blanc, après sa condamnation pour avoir refusé de se battre au Vietnam, il ne cessa sur le ring de le provoquer par à l’image de l’insolence de Johnson. Il rythma ses coups gagnants par des « Jack Johnson is here, is here ! » (Jack Johnson est là, il est là). Un combat qu’il remporta par arrêt de l’arbitre.

Pour le réalisateur Ken Burns, auteur d’un documentaire sur le boxeur en 2005, la réhabilitation de Jack Johnson « nous rappelle un passé raciste et que même aujourd’hui on utilise des commentaires racistes et un langage codé pour mettre en danger les Afro-américains et faire avancer un programme anti-américain ».

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Sources:

MediaCongo

ParisMatch

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