Pourquoi les plus grands et plus anciens baobabs africains disparaissent-ils ?

Les scientifiques cherchent à comprendre pourquoi les baobabs qui vivent depuis des milliers d’années ont commencé à mourir…

Le baobab est l’un des symboles les plus emblématiques des savanes africaines. Avec ses branches noueuses, semblables à des racines, qui peuvent s’enrouler jusqu’à près de 30 m, ce géant végétal est souvent décrit comme l’arbre « à l’envers« . Son nom vernaculaire dérive de l’arabe بو حباب (būħibāb), qui signifie « père de nombreuses graines« . Un nom qui sied à ravir à ce véritable « roi des forets« , essentiel à l’écologie de la région et à moult cultures africaines.

Le baobab possède une longévité hors du commun. En effet, la datation au radiocarbone a permis de fournir des informations étonnantes sur les baobabs. Par exemple :

  • Un spécimen d’Adansonia digitata connu sous le nom de Grootboom a été daté d’au moins 1275 ans, ce qui en fait l’un des plus anciens arbres angiospermes (qui portent des fruits) connus [1].
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Le Grootboom, l’un des plus grands baobabs de la région de Tsumkwe (Namibie). © Flikr.com
  • Le baobab de Panke au Zimbabwe avait environ 2 500 ans lorsqu’il est mort en 2011. [2]

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  •   La datation au radiocarbone réalisée en 2013 sur un Glencoe d’Afrique du Sud suggérait un âge de 1 835 ans. [3]
Baobab dans le parc national Kruger, en Afrique du Sud. C’est la même espèce (Adansonia digitata) que le Baobab Glencoe. © Oscar Chao

Malheureusement, les plus grandes et des plus anciennes espèces de baobabs africains disparaissent à vitesse grand V.

En effet, à en croire une étude publiée, 11 juin 2018, dans la revue scientifique en ligne Nature Plants, neuf des treize plus anciens baobabs d’Afrique ainsi que six des plus gros spécimens du continent sont en train de mourir ou sont morts au cours des dix dernières années. Cette horrible découverte « est un événement d’une ampleur sans précédent » pour les chercheurs selon qui :

« Ces décès n’ont pas été causés par une épidémie et il y a également eu une augmentation rapide de la mortalité apparemment naturelle de nombreux autres baobabs matures. » [4]

Baobabs sans feuilles dans le parc national de Tarangire en Tanzanie. © Roburq

Ainsi donc ces chercheurs membres d’un consortium international, ont étudié les baobabs, à partir de 2005 afin de mieux comprendre la façon dont ils sont constitués ainsi que leur longévité. En utilisant la datation au carbone 14, Adrian Patrut, Stephan Woodborne, Roxana T. Patrut, Laszlo Rakosy, Daniel A. Lowy, Grant Hall et Karl F. von Reden ont finalement étudié 60 arbres à travers plusieurs pays. Ces derniers ont découvert que plusieurs des baobabs les plus anciens étaient à divers stades de détérioration. Les chercheurs ont avancé que le réchauffement climatique pourrait en être la cause :

« Nous soupçonnons que la disparition des baobabs monumentaux pourrait être associée, au moins en partie, à des modifications significatives des conditions climatiques qui affectent particulièrement l’Afrique australe. Cependant, d’autres recherches sont nécessaires pour soutenir ou réfuter cette supposition. » [4]

Le baobab de Mahajanga à Madagascar, avait une circonférence de 21 mètres en 2013. Il est devenu le symbole de la ville. © Lukys

Bien qu’un certain nombre de causes du déclin des baobabs puissent être envisagées, Woodborne, co-auteur de l’étude affirme que les arbres ont déjà enduré de multiples menaces et des sécheresses prolongées…

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https://nofi.fr/2016/12/afrique/33779

Notes et références

[1] « Mission Darabao : comment dater des baobabs millénaires ?« , futura-sciences.com, publié le 6 août 2011

[2] « Les plus vieux baobabs d’Afrique meurent de « manière spectaculaire »« , rts.ch, publié le 11 juin 2018

[3] « how old can trees be« , northwestnewspapers.co.za, publié le 13 avril 2016

[4] « The demise of the largest and oldest African baobabs« , nature.com, publié le 11 juin 2018

Mathieu N'DIAYE
Mathieu N'DIAYE
Mathieu N’Diaye, aussi connu sous le pseudonyme de Makandal, est un écrivain et journaliste spécialisé dans l’anthropologie et l’héritage africain. Il a publié "Histoire et Culture Noire : les premières miscellanées panafricaines", une anthologie des trésors culturels africains. N’Diaye travaille à promouvoir la culture noire à travers ses contributions à Nofi et Negus Journal.

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