Le 13 mai 1888, la « Lei Áurea » abolissait l’esclavage au Brésil

Le saviez vous ? Le 13 mai 1888 l’empire du Brésil abolissait l’esclavage avec l’adoption de la loi d’or (ou Lei Áurea en portugais).

La Lei Áurea, ou « Loi d’or » en français, fut adoptée le 13 mai 1888. Cette disposition législative a aboli l’esclavage au Brésil. Elle fut ratifiée par la princesse impériale du Brésil, Isabel, une abolitionniste qui régentait l’empire en l’absence de l’empereur Dom Pedro II. La Lei Áurea fut précédée par deux lois qui initièrent le processus législatif abolitionniste :

  • la Loi Rio Branco du 28 septembre 1871 (également connue sous le nom de Loi du Ventre Libre) du nom de son champion, le Premier Ministre José Paranhos, Vicomte de Rio Branco. Elle fut adoptée par le Parlement Brésilien en 1871. Elle offrait la liberté à tous les nouveaux-nés et les esclaves de l’état ou de la couronne. Les esclavagistes asservissant des parents avec enfants devaient s’occuper des enfants jusqu’à leur 21 ans ou les confier à l’État en échange d’une compensation monétaire. Cette loi s’avéra plus être une faille juridique qu’une mesure véritablement radicale. Seules quelques personnes furent libérées en vertu de la loi Rio Branco, tandis que plus d’un million de personnes vivaient encore sous les fers de l’esclavage.
  • la Loi Saraiva-Cotegipe du 28 septembre 1885, également connue sous le nom de la Loi des Sexagénaires. Ce décret libérait tous les esclaves brésiliens une fois l’âge de 60 ans atteint.
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Isabel, princesse impériale du Brésil (1846-1921).

Le texte de la Lei Áurea était bref:

Art. 1.º:

É déclarada extinta desde des données desta lei a escravidão no Brasil./A partir de cette date, l’esclavage est déclaré aboli au Brésil

Art. 2.º:

Revogam-se comme disposições em contrário./Toutes les dispositions contraires sont révoquées.

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Manuscrit de Lei Áurea (Lei Imperial n.º 3.353). © Archives nationales du Brésil

Si la loi est aussi concise, c’est avant tout afin que la libération des esclaves ne souffre aucune condition. Toutefois, la Lei Áurea, fut impuissante quant au soutien nécessaire à offrir aux esclaves affranchis pour qu’ils s’adaptent et intègrent ce nouveau statut. En clair, les ex-esclaves ne reçurent aucune compensation de la part de leurs « ex-propriétaires » ou de l’Etat. Avant l’abolition de l’esclavage, il était interdit aux esclaves de posséder des biens ou de recevoir une éducation; mais après avoir été libérés, ils s’organisèrent pour faire leur propre bonhomme de chemin. Sans éducation ou représentation politique, les anciens esclaves luttèrent (et luttent encore) pour obtenir un statut économique et social égal à celui des autres communautés dans la société brésilienne.

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« Maintenant oui ! »

La Lei Áurea fut rédigée par Rodrigo A. da Silva, alors ministre de l’Agriculture et membre de la Chambre des députés. Elle fut ratifiée par Isabel, princesse impériale du Brésil, régente de l’époque, tandis que son père, l’empereur Dom Pedro II, était en Europe. Mais il serait faux de croire que l’esclavage fut aboli uniquement par considération philanthropique. En effet, la signature de la Lei Áurea s’expliquait par plusieurs raisons bien éloignées de l’humanisme :

  • L’esclavage n’était plus rentable, car les salaires des immigrants européens, dont les conditions de travail étaient médiocres, coûtaient moins cher que l’entretien des esclaves, et le déclin à l’arrivée de nouveaux esclaves – le Brésil fut le dernier pays du monde occidental à abolir l’esclavage.
  • Le gouvernement brésilien était sous la pression de la Grande-Bretagne, qui cherchait à mettre fin à la traite des esclaves afin d’accroître la production dans ses propres colonies.
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« Si on avait une carte sur laquelle une lampe rouge s’allumait à chaque endroit ou les soulèvements d’esclaves noirs se produisirent sur le continent, on constaterait que, depuis le 16ème siècle jusqu’à présent, il y aurait toujours une lampe allumée à chaque endroit« . ~ Alejo Carpentier

La Lei Áurea eût également d’autres conséquences : sans esclaves et sans travailleurs, les propriétaires de plantations (fazendeiros) durent recruter des travailleurs ailleurs et organisèrent ainsi, dans les années 1890, la Sociedade Promotora de Imigração («Société pour la promotion de l’immigration»). Il convient tout de même de rappeler que parmi les propriétaires d’esclaves et les classes supérieures brésiliennes, cette loi créa un énorme mécontentement qui entraîna le renversement de la monarchie et l’établissement d’une république en 1889. En fait, la Lei Áurea est souvent considéré comme la cause la plus directe de la chute de la monarchie au Brésil.

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Notes et références

Stela Bueno ~ « Le Brésil en finit avec l’esclavage« , www.herodote.net, publié le 12 juin 2017

« Brazil. Parlamento. Câmara dos Srs. Deputados« 

Mathieu N'DIAYE
Mathieu N'DIAYE
Mathieu N’Diaye, aussi connu sous le pseudonyme de Makandal, est un écrivain et journaliste spécialisé dans l’anthropologie et l’héritage africain. Il a publié "Histoire et Culture Noire : les premières miscellanées panafricaines", une anthologie des trésors culturels africains. N’Diaye travaille à promouvoir la culture noire à travers ses contributions à Nofi et Negus Journal.

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