Du 8 mai au 23 mai, certains membres du CM98 jeûnent. Une privation de nourriture, instaurée en 2001, en hommage à leurs aïeux sacrifiés par la traite et l’esclavage colonial. Ce jeûne est appelé « Jeûne du Lanmèkanfènèg ».
Lanmèkanfènèg est une création linguistique du CM98 qui provient de l’assemblage de 4 mots de langue créole, 4 éléments symbolisant la fabrication des Antillais descendants d’esclaves :
Lanmè : la mer/ l’océan = symbolise la traite négrière, la déportation des captifs vers les colonies impériales françaises.
Kann : la canne à sucre= la culture de la canne et sa transformation en sucre fut la première raison de l’exploitation des esclaves dans les colonies caribéennes.
Fè : les fers = ils symbolisent les chaînes qui entouraient le cou, les poignets et les chevilles des Africains fraîchement capturés, de la chaloupe au bateau, durant toute la traversée et ensuite dans les plantations lorsque ceux-ci étaient sortis en groupe pour être vendus.
Nèg : les nègres, victimes de ce crime contre l’humanité.
Lanmèkannfènèg = descendants d’esclaves en Caraïbe
Le jeune du Lanmèkannfènèg se déroule de 6 h du matin à 18 h le soir. Six heures du matin, c’est l’heure où la cloche retentissait, annonçant le début du travail pour les esclaves. Dix-huit heures marque le second tintement de la cloche, indiquant l’arrêt du labeur et le retour aux cases. Durant ce créneau, il est autorisé de boire de l’eau. Il ne s’agit pas d’un jeûne religieux. C’est une façon pour certains militants de se rappeler, chaque fois que la faim les tiraille, que la défense de la mémoire de leurs aïeux commence par un engagement personnel et profond.
Pour le respect de cette mémoire, à l’occasion des 20 ans de la marche du 23 mai 1998 et du 170ème anniversaire de l’abolition de l’esclavage; une marche commémorative aura lieu le 23 mai 2018 à 14h, du Jardin des Tuileries à la Place de la République, à Paris.